Prescripteurs de saines addictions

Caroline

Conseillé par (Librairie Dialogues)
13 octobre 2010

- Oh !

Ce qui est peut-être le plus impressionnant, chez Aira, c'est son habileté à passer d'un sujet à l'autre, d'un style à l'autre, dans chacun de ses romans, comme si une fois que le sujet était en place dans sa tête, c'est son stylo qui la racontait...

Un peu à l'image de l'écriture automatique des Surréalistes. Ce roman, un conte d'une petite centaine de pages, n'y fait pas exception. Le livre commence comme un conte. Il était une fois une princesse qui ressemblait à une princesse (belle, rose, douce, lumineuse...) mais qui n'en avait quand même pas tous les attributs. Cette princesse-là doit en effet travailler pour vivre, et ça, ce n'est pas très commun dans les contes. La princesse est traductrice. Elle traduit des romans "faciles" et se plait à essayer de (nous faire) comprendre leurs mécanismes d'écriture et de lecture. On la suit dans ses pérégrinations intellectuelles quand, tout à coup, un gros nuage noir porteur d'événements en cascades s'approche de son palais ! Dès lors, accrochez votre ceinture : Aira ne vous ménagera pas.
Un conte foisonnant et onirique.
(A noter la très belle illustration de couverture par l'artiste australienne Imogen MacDonald, qui reflète à merveille le surréalisme et l'univers "barré" de César Aira.)

Anne Carrière

20,80
Conseillé par (Librairie Dialogues)
13 octobre 2010

En effet, il n'y a qu'un mot : "Féroces"...

Ce roman, autobiographique, a pour cadre la Virginie des années 50-60, époque de la jeunesse de Robert Goolrick, dans une banlieue américaine de classe moyenne.
Les parents de Robert sont les personnes les plus admirées, pour ne pas dire les plus adulées, de leur petite société.

Ce sont les plus chics, les plus spirituels, les plus sveltes, les plus amusants, les plus beaux du quartier. Chacun n'aspire qu'à leur ressembler, ou au moins à assister à leurs fréquents cocktails. (Parce que bien sûr, ils font les meilleurs cocktails !).
Les parents de Robert ont en fait trois enfants, tout aussi beaux et intelligents que leurs parents.
Mais il y a un "mais" : les enfants ont pour consigne de ne jamais répéter hors de la maison ce qu'il s'y passe en réalité. Et la réalité n'est pas aussi jolie à regarder que les robes d'apparat de Madame Goolrick.
En fait, dans la famille, l'alcoolisme n'est pas seulement mondain... Et si on a l'air de bien vivre, c'est que l'on vit au-dessus de ses moyens, de crédit en crédit... Et en fait, les Goolrick sont des êtres féroces.
Ici, l'autofiction n'est qu'un prétexte pour raconter la fin de l'innocence américaine, et celle d'un petit garçon.

Traduit de l'anglais (États-Unis) par Adelaïde Pralon

Liana Levi

Conseillé par (Librairie Dialogues)
13 octobre 2010

Réjouissant !

"Brillamment écrit", "Poignant, juste et drôle", "Rondement mené"... La presse américaine n'a pas tari d'éloges à la parution de ce premier roman de Teddy Wayne. Est-ce que le fait que l'auteur soit lui-même journaliste dans de prestigieux journaux et revues new-yorkais y est pour quelque chose ? Peut-être, mais ce n'est certainement pas la seule raison !

Ce livre est malin, astucieux et souvent drôle. On suit avec un petit sourire (et parfois un rire sonore) les aventures de Karim, brillantissime développeur informatique tout droit venu du Qatar pour atterrir dans un open-space d'une énorme multinationale. Tous les jours, il raconte à son dictaphone ses aventures et ses conclusions, et note le vocabulaire nouveau. (Lorsqu'on a appris l'anglais littéral, il est vrai que l'américain peut sembler des plus savoureux, pour ne pas dire incompréhensible ou impertinent...). Entre ses collègues de travail, son super-big-boss et les autres protagonistes de sa nouvelle existence, il va devoir apprendre à se méfier et à faire confiance. Mais comment ? Avec quels critères ?... Ce roman n'est jamais démonstratif. Il laisse planer les questions. Au lecteur de les attraper en vol.

Conseillé par (Librairie Dialogues)
31 mai 2010

Une reine dans un bibliobus

Et si le trajet du bibliobus passait par le Palais Royal... Pensez-vous que la reine du Commonwealth en personne prendrait la peine d'y monter et de choisir un livre, elle qui ne lit jamais ? Oui, si la bienséance l'exige. Et c'est ce qu'elle fit ! Une première fois, puis une deuxième...
Un concentré d'humour anglais et une jolie leçon de littérature.

Conseillé par (Librairie Dialogues)
8 février 2010

Benjamin Lorca, auteur reconnu mais pas si connu, vient de disparaître. Il a publié quelques romans, mais jamais de carnets ou d'autobiographie.
Son entourage (amoureuse de toujours, frère, amis, collaborateur) récupère son journal intime. De son vivant, Benjamin Lorca avait expressément interdit de le publier. Evidemment, il est trahi. Par qui ? Pourquoi ?

Au fil des pages, de jolies références littéraires et cinématographiques... Henri Calet (du coup, j'ai relu "Peau d'ours" dans la foulée en espérant y retrouver Benjamin Lorca, que j'ai tellement envie de lire en vrai !) , Drieu La Rochelle ("Le feu follet", adapté par Louis Malle), "Sebastian Knight", le cinéma de Rouch... De quoi rester un moment encore dans l'univers de Benjamin Lorca et dans celui d'Arnaud Cathrine...