Prescripteurs de saines addictions

Caroline

Chronique de PSA-Aulnay

Plein Jour

Conseillé par (Librairie Dialogues)
21 octobre 2013

Six mois de lutte

« J’en ai tellement à raconter, sur PSA, avec moi il est déjà écrit,
ton livre. Prends ton stylo, écoute. »
Roland

Alors que l'ultime véhicule sort de la chaîne de montage de l'usine PSA d'Aulnay-sous-Bois, un des symboles de l'industrie française qui fermera définitivement ses portes en 2014 et dispersera 3000 salariés, paraît le livre de Sylvain Pattieu, historien et romancier ("Des impatientes" et "Le Bonheur pauvre rengain"e, aux éditions du Rouergue).
Parce que pour comprendre intimement il faut aller à la rencontre des premiers concernés, l'auteur a écouté et nous restitue admirablement les voix de Christophe, Farid, Roland, Gigi, et bien d'autres ouvriers qui parlent d'eux, de leur travail, de leur mobilisation et des bonheurs de leurs années d'usine. Sylvain Pattieu nous fait vivre en apnée six mois de lutte, de l'annonce de la fermeture à la confirmation du plan social. Ces récits de vie, mêlés à de brefs aperçus d'Histoire des mouvements ouvriers, sont durs, précieux et inoubliables.

Pari réussi pour "Plein Jour", une nouvelle maison d'édition qui, dans chacun de ses livres, confrontera le regard d'un écrivain à une réalité de terrain, avec l'ambition de sortir des clichés et du brouhaha médiatique, et de redonner de la voix à ceux que nous n'entendons plus.
À lire également : "Les petits blancs, Un voyage dans la France d'en bas", d'Aymeric Patricot.

Sabine Wespieser Éditeur

20,00
Conseillé par (Librairie Dialogues)
22 août 2013

Eblouissant !

Michel-Ange a trente ans. Afin de choisir le marbre du tombeau que le
Pape Jules II vient de lui commander, il se rend à Carrare, dans ces
carrières qu'il connaît déjà pour y avoir pris le bloc de sa Pièta de
Rome. Drapé dans la majesté de son génie, c'est un Michel-Ange
arrogant, souvent cruel, imperméable au monde, aux émotions et à ses
propres souvenirs, qui se mêle aux carriers toscans. Pourtant, en
partageant l'intimité des artisans de la pierre, en croisant le chemin
de deux figures quasi mythologiques, Cavallino, un fou qui se prend
pour un cheval, et Michele, un jeune garçon dont la mère vient de
mourir, Michel-Ange fend l'armure. Bouleversé par ces rencontres, il
s'ouvre aux autres et à lui-même.

La jeune violoniste baroque Léonor de Récondo nous convie à passer six
mois dans la tête d'un génie créateur, à le suivre sur le chemin
initiatique qu'il parcourt chaque jour vers la "pietra viva", la
pierre vivante. A ses côtés j'ai respiré la poussière de marbre,
cherché les veines dans les blocs, été éblouie par la blancheur des
montagnes dépecées. Ciselé de main de maître, tout à la fois charnel
et mystique, "Pietra viva" est un roman remarquable.

Conseillé par (Librairie Dialogues)
21 août 2013

Gracieux et poignant

"- [...] On ne sait jamais pourquoi on revient, n'est-ce pas ? On se noie dans tout ce qui est perdu et puis on s'en va.
Je devais la fixer avec un drôle d'air. Elle venait de résumer avec une exactitude troublante ce que je vis ici depuis mon arrivée." (p.61)

Aurélien Delamarre est romancier. Alors que paraît son sixième roman et qu'il devrait se prêter au jeu de la promotion, il accepte de mauvaise grâce, à la demande de ses parents et de son frère aîné, de se rendre en Normandie, à Villerville précisément. Sa mission : ouvrir les portes de la maison familiale à l'agent immobilier mandaté pour la vendre, puisque plus personne ne l'occupe désormais, ni à l'année, ni en vacances. Son séjour, qui ne devait pas durer plus de deux jours, se prolonge. Exilé dans ce lieu du passé, Aurélien est rattrapé par son enfance, son adolescence, et se livre à un état des lieux intime et personnel, jalonné par les deux livres qu'il s'offre dans la librairie locale : "Ecrire", de Marguerite Duras, et le premier tome des "Papiers collés" de Perros.
Un journal d'un trentenaire en crise gracieux et poignant.

"À propos de son roman Détours, René Crevel écrit cette phrase modeste : "J'ai déposé mon bilan". Telle est sans doute la vocation de ma petite entreprise normande : déposer mon bilan. Le premier." (p.179)

21,50
Conseillé par (Librairie Dialogues)
11 août 2012

A Brownsburg, quelque part en Virginie juste après-guerre, la vie est simple et les relations entre les membres de la communauté bien huilées. On trouve de quoi se nourrir à l’épicerie générale et les réponses à ses questions dans sa paroisse. Les règles sont parfaitement établies et respectées : Noirs d’un côté et Blancs de l’autre, et tout restera idyllique. Oh il y a bien quelques petites rivalités, quelques jalousies, quelques on-dit, mais c’est là juste ce qu’il faut pour saler un peu une existence sans guère de rebondissements…

« Arrive un vagabond » avec ses couteaux de boucher et ses liasses de billets et naturellement la face du monde de Brownsburg s’en voit retournée ! Que faire d’un étranger qui dort à la belle étoile ? Pire : que faire quand cet étranger demande à travailler comme boucher ? Certes il n’est pas barbier, mais il semble toutefois y avoir matière à s’inquiéter… Il manie si bien ses couteaux.
L’étranger s’appelle Charlie Beale, Beebo. Et très rapidement, ses yeux vont croiser ceux de Sylvan Glass…
Robert Goolrick nous l’avait montré avec « Féroces » : il excelle à détailler les mœurs des petites communautés américaines, à en saisir les travers, à y puiser des personnages complexes, finalement si humains. C’est sur ce même terrain fertile que l’écrivain se meut dans « Arrive un vagabond », roman dans lequel il dépeint avec virtuosité les élans passionnels de deux êtres qui auraient pu, ailleurs et dans d’autres circonstances, s’appeler Jean Harlow et Clark Gable.

roman

Table Ronde

17,00
Conseillé par (Librairie Dialogues)
11 août 2012

Bordeaux, 1992. Pascal vit du mauvais côté de la Garonne, dans un logement miteux du quartier de La Bastide, le seul que ses moyens d’étudiant fauché lui ont permis de trouver. Sa vie est réglé comme du papier à musique : « 7 heures, laudes ; 9 heures-midi : cours ou bibliothèque, puis collation. 13h30-17h30 : cours ou bibliothèque. 18h30 : messe. »
Entre Aubin, l’étudiant bourgeois, mondain et volubile, celui que Pascal n’aurait jamais dû rencontrer, celui par lequel sa vie, à l’instar de son emploi du temps, va se voir bouleversée.
Xavier Patier dissèque pour nous tous les ressorts d’une relation dévorante, de l’aliénation. Et cela fonctionne à merveille : Aubin nous hante bien longtemps encore une fois le livre refermé.