Après "Eloge de la palourde" (malheureusement épuisé chez Flammarion), Marc Le Gros nous livre un "court traité" de la pêche à marée basse. Palémon, crevette... le paysage de cette pêche est celui des grèves, des criques, l'occasion de se souvenir de sa grand-mère, son "roi pêcheur".Marc Le Gros ne pêche pas seulement pour le plaisir de l'instant et les joies de cette traque infiniment subtile. Il n'oublie pas que l'on pêche aussi pour le plaisir de montrer les fruits de cette pêche, les offrir et les déguster."Traou an aod, gle bezan ar flod.En mangeant des choses de la mer, il faut boire." A savourer.
Des larmes invisibles au monde nouvelles
nouvelles
De Anton Pavlovič Čehov
Traduit par Lily Denis
Éditions des Syrtes
"Le chemin de l'écrivain est, de bout en bout, semé d'épines, de clous et d'orties, c'est pourquoi tout homme sensé doit, par tous les moyens, se garder d'écrire". Fort heureusement Tchekhov s'est gardé de suivre ce conseil qu'il prodigue dans l'une de ses nouvelles du recueil publié aux éditions des Syrtes sous le titre "Des larmes invisibles au monde". J'ai lu, je ne sais où, que Tchekhov n'avait pas envisagé que les textes réunis ici figurent dans le recueil de ses oeuvres complètes. Si c'est vrai il avait bien tort car ces nouvelles, grinçantes, sont de grande qualité.
"C'est ma première maison celle qui m'a fait comprendre qui j'étais..."écrit l'auteur. Une profonde intimité, une émotion constante devant un lieu, une attente et une séduction qui sont les traits d'une belle relation amoureuse. La maison a besoin d'être aimée, regardée, courtisée pour livrer ses secrets. Ces théâtres du temps, ces lieux de musique et de lumière que sont les maisons aimées, permettent à l'être qui les écoute de rencontrer l'autre. Comme le livre et la littérature, l'histoire que l'on tisse avec une maison suppose patience, secret et complicité. Cette confession intimiste, d'une grande qualité littéraire nous laisse entendre une voix intérieure qui oscille entre tendresse et exaltation. Usant d'un style vivant où souffle l'émotion, c'est une danse fiévreuse que celle qui nous est offerte. Les mots virevoltent aussi vifs qu'un enfant tournant sous le soleil : "Toutes les maisons ont la beauté de la première fois, d'un pays à découvrir, d'une langue dans laquelle on viendrait se blottir. Toutes les maisons. La tienne, la sienne, la vôtre."
C'est avec chaleur et talent, à partir des témoignages de ceux qui l'ont connue et de correspondances inédites, une aussi sorte de complicité, d'intimité avec Colette que Geneviève Dormann écrit cette biographie de celle qui toute sa vie « sera physiquement amoureuse de tout ce qui réjouit les sens : hommes, femmes, mer, fleurs, fruits, vins fins, truffes, plats succulents... ».
« Dans cette Bretagne aride, l'ossature de la terre se révèle sous l'herbe rase. On n'a pas de racines, on n'a pas de lignées. On repose sur des superpositions de dalles feuilletées. La côte usée jusqu'au granit par le vent et la pluie, n'a pour seules parures, lunaires ou solaires, que les médaillons de ses lichens incrustés dans la grisaille des roches. »
Peut-on résister aux mots d'André Ar Vot lorsqu'il se rappelle la baie de Morlaix et fait revivre les paysages bretons de son enfance, lorsqu'il se souvient de ses premiers émois, de ses rêves d'un ailleurs, de sa parenthèse américaine
? Cela nous semble inconcevable tant est belle cette échappée littéraire.
Après ses "Cent vues de l'Enclos des Nuages", André Ar Vot nous donne à lire une fiction captivante dans un style tout simplement magnifique.