Prescripteurs de saines addictions

Librairie coiffard

20,00
Conseillé par (Librairie Coiffard)
31 octobre 2018

Conseillé par Lyonel

Les frontières. Voilà une thématique de cœur chez François Bégaudeau. Les limites d’un terrain de football, les limites d’une salle de cours ou encore les limites socio-culturelles qui constituent ce nouveau roman, En Guerre. Chez l’auteur, les frontières font une guerre. Une tension. Ce qu'il y a de terriblement émouvant dans le récit de François Bégaudeau - passé l’humour circonstancié et d’apparence froid - c’est la mesure de ces trajectoires. Les personnages de ce roman, les personnages de nos vies, sont enfermés dans des conventions qui font, par exemple, qu’une jeune femme de banlieue ne rencontrera jamais un homme de la petite bourgeoisie. Sauf par hasard. L’inégalité est parfaitement structurée, glacée et implacable mais la vie est une rivière troublée de mouvements et d’inattendus. C’est ce paradoxe absolu, cette tension entre le rigide et une forme de chaos, que décrit Bégaudeau avec un sens du dialogue abouti et tenace. Le romancier dresse une radioscopie précise du paysage français. Les vies sont fracturées, cabossées, inassouvies, merveilleuses et uniques. Le feu de la révolte vient donner un parfum de cendre à ces pages écrites, lumineuses, sous le coup de la colère. La colère, forge des grands récits.

Conseillé par (Librairie Coiffard)
23 octobre 2018

Conseillé par Manon

Claire, la trentaine, décolle pour Tokyo afin de rendre visite à ses grands-parents. Ils n’ont pas remis les pieds sur leur terre natale depuis leur fuite de la guerre de Corée il y a cinquante ans. Cultivant le désir de renouer un lien avec eux, Claire les invite à préparer leur voyage en Corée ensemble.
Les préparatifs traînent en longueur alors que Claire traîne son ennui dans une maison où elle n’arrive pas à se sentir à l’aise, entourée par le mutisme timide de sa grand-mère et le décor criard d’un Tokyo en carton pâte.
Heureusement, elle fait la rencontre de la petite Meiko à qui elle donne des cours de français et dont elle doit occuper les après-midi. Un lien affectif va se nouer entre Claire et Meiko qui va peu à peu ouvrir la jeune femme à la compréhension de ses grands-parents.

Avec sa plume aussi acerbe que légère, Elisa Shua Dusapin effleure ses sujets de prédilections avec cette douce poésie qui lui est propre. Entre quête identitaire, rapport à la terre natale et fossé culturel entre orient et occident, elle nous éclaire sur toutes ces barrières générationnelles, barrière de langage qui agissent comme des freins dans notre rapport à l’autre. Le quotidien devient aussi loufoque que monotone, quelques paroles vides de sens sont échangées. Ici un regard, un mouvement, un hochement de tête. Tout est dans le sous-texte, dans la retenue.
Ces menus éléments en font un roman savoureux, grinçant et contemplatif, un roman qui fait parfois écho à nos propres sentiments enfouis.

Conseillé par (Librairie Coiffard)
11 octobre 2018

Conseillé par Lyonel, Agathe, Frédérique et Marie-Laure

Ça raconte Sarah, ça raconte l’amour.
Que nous livre la passion si ce n’est cette force, cette pulsion à revenir, sans cesse, vers l’être aimé ? Toute l’écriture de Pauline Delabroy-Allard s’inscrit dans ce mouvement incessant fait de rappels, de leitmotivs et d’obsessions. Tout ceci est vieux comme le monde - mais ce monde là nous fascinera donc toujours.
Sur le fil du rasoir, le sensuel y côtoie le lugubre, l’amour se consume parfois de colère. Le style de Pauline Delabroy-Allard s’imprègne de classicisme, de lyrisme échevelé; pour autant, la romancière peut se relever crue, sans filtres, au plus près du vécu. Quelle beauté et quel drame que ces deux jeunes femmes là jouent devant nous, au fil de cette symphonie prodigieuse, formée, en deux grandes variations. Car la passion, c’est le mouvement éternel entre Eros et Thanatos, ces deux faces opposées qui se vampirisent sans cesse. On y entend Schubert, on rêve en Italie, on se réveille près d’un corps malade et adoré. On y lit, entre les lignes, Marguerite Duras et Hervé Guibert. Mais peu importe les références, ce texte ne vit que par lui-même comme la passion qui le traverse. Et pour, nous lecteurs, c’est le prestige absolu d’assister à la naissance d’une grande écrivaine.

Sabine Wespieser Éditeur

21,00
Conseillé par (Librairie Coiffard)
11 octobre 2018

Conseillé par Stéphanie, Rémy et Frédérique

Un jour Tiffany Tavernier lit un article dans un journal. Un petit article. Portrait d'une femme entre 30 et 40 ans. Elle est en photo, bien habillée. Cette jeune femme est SDF à l'aéroport d' Heathrow. Elle vit là en prenant l'apparence d'une voyageuse : c'est une indécelable. A l'issue de l'article, lorsque le journaliste lui demande combien de temps encore elle compte vivre là, elle lui répond : "toute la vie".
Cette phrase est un déclencheur d'écriture pour Tiffany Tavernier.
Après des mois d'enquête à Roissy, elle invente un personnage féminin. Une indécelable amnésique qui vit dans l'aéroport depuis huit mois. Comment est-elle arrivée là? Quel drame, quel choc traumatique a bien pu lui faire perdre la mémoire?
Elle est une ombre et un regard au milieu de cette foule dans laquelle elle se perd et qui la sécurise. Avec elle, le lecteur s'immerge dans un monde inconnu peuplé d'âmes en peine, déconnectées ou traumatisées. Ce roman dégage une atmosphère unique habitée par des personnages crédibles et bouleversants.

Buchet-Chastel

15,00
Conseillé par (Librairie Coiffard)
9 octobre 2018

Conseillé par Marie-Laure

On dit que si ce texte était une musique, ce serait du jazz…
Premier roman de ce jeune homme issu du milieu du rap. Un roman très fort, percutant autant par son sujet que par son rythme. Il faudrait presque le lire à haute voix.
Paris est à feu et à sang (on pense bien sûr aux attentats du 13 novembre). Sitam et son amoureuse, la môme Capu, décident de quitter la ville, de fuir cette violence qui semble envahir toutes les autres capitales. Ils vont d’abord se réfugier dans la banlieue d’où est originaire Sitam et qu’il nomme la « Grisâtre ». Puis ce sera Amsterdam. Cette longue errance conduira notre jeune héros à Archibald, un clochard musicien qui fait un peu figure de sage. C’est à lui que Sitam confiera son histoire. Les mots, l’écriture, c’est ce qui va faire tenir Sitam. Une voix, une gouaille, une partition… Un roman coup de poing que nous n’avons pas hésité à mettre dans notre sélection pour le prix Coiffard.