Prescripteurs de saines addictions

Le secret des Carson
EAN13
9782280211444
ISBN
978-2-280-21144-4
Éditeur
Harlequin
Date de publication
Collection
Prélud' (211)
Poids
212 g
Langue
français
Langue d'origine
anglais

Le secret des Carson

De

Harlequin

Prélud'

Indisponible

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Chapitre 1

Assise au deuxième rang dans l'imposante église Saint-Ignace, l'une des plus anciennes de San Francisco, Sue sentait la présence des anges dans la flamme des cierges bordant les côtés de la nef. Percevaient-ils l'intensité de son chagrin ? Et savaient-ils à quel point elle était ulcérée à l'idée de leur abandonner sa grand-mère ?

Bien sûr, Sarah n'était pas toute jeune. Elle avait fêté ses quatre-vingts printemps cette année, et sa disparition était dans l'ordre des choses. Mais elle était partie si rapidement — en l'espace de deux jours — que Sue n'avait pas eu le temps de se faire une raison. Et le chagrin était terrible, bien pire encore que ce qu'elle avait craint.

Se forçant à détourner les yeux du cercueil ouvert, Sue porta son attention sur le prêtre, qui avait connu sa grand-mère pendant une grande partie de sa vie.

Il était en train d'évoquer la générosité de Sarah Carson, l'amour qu'elle dispensait sans compter autour d'elle, et plus particulièrement aux enfants. Sue sentit sa gorge se nouer en repensant à la visite qu'elle avait faite à sa grand-mère pas plus tard que la semaine dernière. Comme elle le faisait régulièrement, elle s'était rendue avec les bébés chez Sarah, à Twin Peaks — ville dominée par les célèbres pics jumeaux —, et la vieille dame avait insisté pour garder Carrie et Camden afin que Sue puisse gravir la montagne par un sentier qu'elle avait emprunté maintes et maintes fois depuis son enfance.

Eh bien, cette ascension, elle ne la ferait plus, se dit Sue tristement. Du moins, pas depuis la maison de sa grand-mère. Elle ne redescendrait plus jamais du sommet en se réjouissant d'avance de retrouver, devant une tasse de thé, la seule personne au monde qui lui donnait un tel sentiment de force et de sécurité.

Devant l'autel, le père John se mit à parler de l'unique enfant auquel Sarah avait donné la vie, Sam, l'oncle de Sue. Il était assis au premier rang en compagnie de sa femme, Emily, et de leur fille Belle, qui avait deux ans de moins que Sue.

Grâce à l'éducation que Sarah avait su lui donner, dit le prêtre, Sam était aujourd'hui un homme accompli, un homme capable de maintenir la cohésion de la famille Carson, maintenant que les parents n'étaient plus. Avec sa concession automobile qui employait une centaine de personnes et le rôle qu'il jouait dans diverses associations, il faisait, selon le père John, la fierté de la communauté.

Puis, le prêtre tourna le regard vers la femme assise à la droite de Sue. Il parla de Jenny, la petite fille que Sarah et Robert Carson, le grand-père disparu depuis plus de dix ans, avaient adoptée. Jenny, la mère de Sue.

Sue gratifia sa mère d'une légère pression de la main quand le prêtre affirma que Jenny était la preuve vivante de la bonté de Sarah Carson. Le père de Sue, assis à la droite de son épouse, la prit tendrement par l'épaule. Dans le même mouvement, il caressa le bras de Sue.

Il en avait toujours été ainsi avec ses parents. Jenny et Luke Bookman étaient inséparables, franchissaient ensemble chaque étape de la vie — et couvraient leur fille unique d'un amour parfois étouffant.

Sue les aimait profondément. Mais si elle n'avait pas pris ses distances sa mère aurait été capable de continuer à habiller les trois membres de la famille Bookman comme s'ils étaient des triplés. A longueur d'année, et pas seulement pour partir en vacances comme elle le faisait autrefois.

Sue avait gardé un souvenir précis des T-shirts horribles sur lesquels était imprimée la destination de l'année : « Les Bookman explorent Manhattan » ; « Les Bookman sillonnent Hawaii » ; « Les Bookman parcourent le Mexique »...

La fois où la famille devait partir pour l'Italie, Sue, au grand dam de sa mère, avait carrément refusé de porter le T-shirt « Les Bookman rôdent dans Rome ».

Elle avait neuf ans, à l'époque.

Et, prétextant une envie pressante, elle avait appelé sa grand-mère d'une cabine de l'aéroport avant le départ.

Sarah lui avait dit que, à sa place, elle aussi aurait été gênée de porter ce T-shirt. Puis, elle avait rappelé à Sue que sa mère l'aimait, qu'elle ne voulait que son bonheur.

La vieille dame avait conclu :

— Contente-toi de suivre ton cœur, ma chérie, et tout ira bien.

Cela avait semblé si simple...

Alors qu'en fait rien ne l'était.

* * *

— Je reviens tout de suite, maman. Il faut que je prenne l'air.

Sue étouffait dans le vestibule de l'église où les gens s'étaient rassemblés après la cérémonie. Que de fois, au cours des vingt dernières années, depuis sa première rébellion, Sue avait-elle donné ce genre de prétexte ? Et, comme d'habitude, cela lui valut de la part de sa mère un regard à la fois inquiet et affectueux.

— Ça va, ma chérie ?

Sue l'étreignit brièvement.

— Oui, maman. Mais tu sais que je n'aime pas les lieux bondés.
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