Prescripteurs de saines addictions

L'hiver des enfants volés

Maurice Gouiran

Jigal

  • Conseillé par
    17 août 2015

    policier, Barcelone

    Ce roman est très riche qui aborde les massacres de Sabra et Chatilla, les Lebensborns ainsi que le vol des enfants nouveau-nés sous Franco.

    Le personnage principal nous entraîne dans Barcelone et ses bars à tapas (prenez des notes, il y a des bonnes adresses), mais aussi à Madrid, plus rapidement. Un bémol, à ce propos, si vous voulez suivre absolument le héros, il va vous falloir un plan de la ville…..

    J’en ai appris plus sur la différence entre canonisation et béatification.

    Un roman intéressant sur la ville de Barcelone plus que pour l’aspect policier.

    L’image que je retiendrai :

    Celle de la plage de la Barcelonetta qui a ses adeptes, même en plein mois de janvier.

    https://alexmotamots.wordpress.com/2015/08/05/lhiver-des-enfants-voles-maurice-gouiran


  • Conseillé par
    30 mai 2014

    « Même s’il fait référence à des événements historiques, ce roman est une fiction. »

    Gouiran nous plonge dans le scandale des bébés volés du franquisme.

    “Veiller sur toutes les femmes qui ont fait un faux pas et souhaitent retrouver leur dignité”, qu’ils disaient les fachos de Franco avec la complicité de l’Eglise espagnole. Quand le sabre et le goupillon se donne la main.
    Purifier la race, rééduquer la mauvaise graine, le fameux gène « rouge » et confier les bébés volés à des familles proches du régime, à l’aristocratie espagnole.

    « Les relations intimes existant entre le marxisme et l’infériorité mentale sont évidentes et concluent, sur base de ce postulat, que la mise à l’écart des sujets, dès l’enfance, pourrait affranchir la société de cette idéologie… »
    Dr Antonio Vallejo Nágera, médecin psychiatre et franquiste.

    Franco et ses sbires, l’Eglise, ses soeurs et ses curés mains dans la main, copains-copains comme « cochons ».
    Retenez bien ça, cher lecteur, la glaive et la croix complices de crimes contre l’humanité.
    L’Inquisition, Les Croisades, la Guerre d’Espagne, les massacres au Liban, la dictature en Argentine, les tueries du Rwanda, j’en passe et des bien pires…

    Clovis, journaliste sans frontière, coule une retraite paisible.
    Quand Samia frappe à sa porte : son ami François a disparu.

    « Elle avait défait son manteau et pris place sur le canapé de cuir défoncé, là même où j’avais fait l’amour à des filles que je n’avais jamais vraiment aimées. Tandis qu’elle…Elle avait hanté mes nuits et attisé mon désir sans que j’ose effleurer, ne serait-ce qu’une fois, son cou de mes lèvres. »

    Samia et François, lui aussi un ancien journaliste, ami de Clovis. Samia et François, ça dure depuis plus de trente ans. Eux aussi se la coulent douce dans le marais poitevin près de Niort.

    Clovis et François, deux amis rebelles à l’information officielle , à la recherche de la vérité à travers le monde.
    Samia, rescapée des massacres de Sabra et Chatilla, a choisi François.

    François a disparu. Il enquêtait en Espagne sur ces enlèvements. Une horreur où se mêlent, se mouillent gynécologues, avocats, médecins, prêtres et religieuses.

    Carmen a été internée en 1981. Elle n’a pas oublié l’infirmerie où étaient emmenés les bébés malades. “Certains ne redescendaient jamais. Je me souviens qu’on disait aux mères qu’ils étaient morts, mais une rumeur circulait selon laquelle des familles d’adoption les avaient emmenés. Je ne laissais pas ma fille seule une minute, j’étais paniquée à l’idée qu’elle tombe malade et que je la perde.”
    On estime aujourd’hui le nombre d’enfants volés à plus de 300 000.

    Clovis va reprendre du service et partir à Barcelone à la recherche de François.
    Et il va mettre les pieds dans un plat pas très, hum, comment dire, pas très catholique.

    Le trio, Samia, François, Clovis, peint par Gouiran est un régal nourri d’amitié, de blessures et de regrets.
    Le dessin de Barcelone esquissé par Gouiran est un modèle d’amour pour cette ville qui fleure bon l’anarchisme.

    « Y’en a pas un sur cent et pourtant ils existent
    La plupart Espagnols allez savoir pourquoi
    Faut croire qu’en Espagne on ne les comprend pas » chantait Léo Ferré.

    La très recommandable maison d’Edition Jigal nous offre là, encore, un polar frappant fort au cœur et au corps qui sait avec habileté mêler des destins personnels et la Grande Histoire, celle qui tue dans la plus honteuse des légalités, celle que l’on ne devrait jamais oublié, celle qui devrait nous servir de leçon.
    Frère lecteur, n’oublions pas notre sombre passé pour éviter le noir à venir, le terrible avenir.

    « Tu sais, on sera jugé non pas sur ce que nous avons fait, non pas sur ce que nous n’avons pas fait, mais bien sur ce que nous aurions dû faire. »

    Eteignez votre télé, nom de Dieu et lisez ce bon, ce très bon Gouiran !