Prescripteurs de saines addictions

Léon et Louise

Alex Capus

Actes Sud

  • Conseillé par
    5 avril 2013

    Un amour au XXe siècle

    Amatrices, amateurs d’histoires romanesques et de famille, « Léon et Louise » est pour  vous.

    Léon, le patriarche de la famille Le Gall, est enterré ce jour-là à Notre- Dame.  Alors que l’assemblée attend le célébrant, une petite silhouette nerveuse aux cheveux gris, un foulard lumineux autour du cou, se glisse dans la nef et va déposer  un baiser sur le front du défunt. Avant de s’éclipser, elle retire de son sac une sonnette de vélo qu’elle actionne deux fois. C’est Louise.

    Ces deux-là se sont aimés, perdus de vue, retrouvés, éloignés de nouveau pour se rejoindre enfin en dépit des vicissitudes, de deux conflits mondiaux et de leurs existences respectives.

    1918, dans un village non loin du Chemin des Dames alors que l’Europe est en feu, Léon et Louise font connaissance. Les deux adolescents se plaisent, partagent une nuit avant qu’un obus ne les sépare pendant une dizaine d’années. 1928, Léon mène une existence sans relief entre son épouse Yvonne, leur fils Michel et son activité au service scientifique de la Police, Quai des Orfèvres lorsque les hasards de la vie le remettent en présence de Louise. Elle est devenue une jeune femme piquante, indépendante et travaille à la Banque de France.  L’intensité de leur histoire n’a pas faibli et ne saurait se satisfaire d’un adultère de 3e zone, aussi le couple choisit-il de se séparer. 12 ans s’écoulent à nouveau avant que Louise ne reprenne contact  en juin 1940. Elle s’est embarquée à bord du croiseur « Victor Schœlcher » pour sauver l’or de la Banque de France et rejoindre Médine. Elle n’a pas oublié Léon et le lui écrit.  Paris sous la botte allemande, les restrictions, le service des étrangers auquel il a été versé, Léon traverse avec les siens ces années délicates jusqu’à la Libération qui réunit les amoureux.

    Alex Capus signe ici un ouvrage romanesque mené de main de maître. Fresque  du XXe siècle brossée à grands traits, choix pertinent du détail, son récit s’ancre dans la réalité. Capus entraîne son lecteur dans le sillage de ses héros  dans la Normandie de la Grande Guerre, les années folles et le Paris de l’Occupation : on s’y croirait. Ses personnages sont dessinés avec précision, ont de l’épaisseur et l’histoire d’amour est exempte de toute mièvrerie. « Léon et Louise » est talentueux et réussi.

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  • Conseillé par
    5 décembre 2012

    «Mon grand-père avait dix-sept ans lorsqu’il rencontra Louise Janvier.»

    Printemps 1918 à Cherbourg.
    Léon travaille à la gare de Saint-Luc-sur-Oise.
    Léon est un Le Gall. Tous, chez les Le Gall, ont la nuque plate et le bon «savoir-vivre» comme on dit.

    Léon va croiser Louise.
    Les yeux verts, un chemisier blanc à pois rouges, de jolies jambes et des dents du bonheur.
    Le temps de se dire deux, trois mots, d’échanger deux, trois regards, de ceux qui disent que c’est pour toujours entre eux deux, que c’est pour la vie, que c’est pour l’éternité et ils vont disparaître sous un ultime bombardement allemand.

    Ils vont se perdre, se retrouver.
    Puis se perdre, se retrouver.
    Puis...
    Chabadabada, mon coeur qui bat chabadabada...

    C’est une belle histoire d’amour.
    C’est aussi un morceau de l’histoire de la France avec ses deux grandes guerres.
    C’est pétri à la plume de bons sentiments, sans aspérités mais c’est bougrement bien écrit et ça se dévore à pleines dents.
    Sais pas vraiment pourquoi j’ai aimé ce roman teinté d’eau de rose mais j’ai aimé.
    J’ai A-DO-RE même !

    «L’âme d’une femme est mystérieusement reliée au déplacement des constellations, au mouvement des marées et aux cycles de son corps de femme, peut-être bien ausi aux coulées souterraines de lave, aux trajectoires des oiseaux migrateurs et aux haoraires de chemins de fer français...»


  • Conseillé par
    19 septembre 2012

    Une belle histoire

    Le roman débute par une scène belle et attendraissante : toute la famille de Léon est réunie pour lui rendre un dernier hommage. C'est alors qu'entre dans l'église une petite bonne femme que personne ne semble connaître, ou du moins reconnaître. Elle s'avance vers Léon et dépose une petite clochette dans son cercueil. Alors que tout le monde est stupéfait, celle-ci s'en va comme elle est arrivée, sans se soucier des gens présents dans l'église. Un beau pied de nez!!

    Mais en fait, tout le monde sait qui elle est : Louise.

    A partir de cette scène, le narrateur nous déroule la vie de son grand-père.

    Parti assez jeune de chez lui pour trouver du travail, Léon s'installe à Saint Luc sur Oise.

    C'est là qu'il rencontre Louise, jeune femme de caractère, travaillant à la Mairie. Louise est beaucoup appréciée dans le village. Elle ne mâche pas ses mots mais sait faire preuve de douceur lorsqu'elle est missionnée par le Maire pour annoncer aux familles le décès de leur fils ou mari au front.

    Léon et Louise passent beaucoup de temps ensemble et un amour tendre et platonique voit alors le jour. Mais alors que leur histoire commence à prendre une tournure plus passionnée, un bombardement les sépare... Léon ne saura pas ce qu’est devenue Louise et construira alors sa vie avec cette histoire d’amour inachevée dans le cœur et dans la tête.

    Mais la vie est pleine de surprises et ces deux amoureux là se recroiseront au détour d’une station de métro, des années plus tard.

    La suite de leur histoire est faite de séparations et de retrouvailles dans un pays meurtri par la Première puis Seconde Guerre Mondiale.

    A travers la vie de Léon, ce roman est illustre ce qu'était la vie parisienne pendant la Seconde Guerre Mondiale : restriction, peur, couvre-feu, obéissance à l'ennemi que ce soit dans son travail ou dans sa vie privée... Quant à la vie de Louise, exilée en Afrique en tant qu’employée de La Banque de France pour sauvegarder l’or français, son vécu parait totalement incroyable !

    Les personnages sont bien pensés et bien construits : Léon est jeune et dynamique, et ce malgré les années passant, Louise est pleine de caractère, et Yvonne, la femme de Léon est selon moi une femme remarquable dans son rôle d'épouse et de mère de famille.

    Une belle histoire donc, bien écrite et sans longueur. Une histoire d’amour sur fond de guerre et de séparation, sans mièvrerie, même si selon moi il manquait un petit quelque chose dans les dernières pages...