Prescripteurs de saines addictions

Ce qu'il reste à faire

Marie de Chassey

Alma Éditeur

  • Conseillé par (Librairie Page et Plume)
    8 septembre 2023

    Bouleversant

    Une mère prépare la chambre de sa fille (24 ans), qui revient chez elle après avoir subi une chimiothérapie. Quand sa fille était à l'hôpital, elle l'a soutenue sans faillir. Maintenant, elle va pouvoir souffler.
    Elle essaie de lui créer une bulle protectrice, apaisante. Sauf que cette bulle va devenir étouffante pour sa fille comme pour elle.
    Enfermée, la jeune femme n'ose rien dire. Elle tait sa douleur, entre résilience et renoncement.
    Enfermée, la mère vit, à l'écoute du moindre signe de sa fille. Pas de geste inutile, tout est millimétré.
    Pour la jeune femme, les seuls moments de répit sont apportés par les infirmiers qui viennent quotidiennement lui faire ses soins. Elle n'a pas demandé à venir chez sa mère. Les comptes rendus de l'infirmier se font de plus en plus alarmants, mais la mère refuse de les entendre. Elle est dans le déni le plus total.
    Pour la mère, la vie s'est arrêtée, ne reste que la survie. Elle pense qu'elle est la seule à pouvoir guérir sa fille, à pouvoir prendre soin d'elle. Alors elle télétravaille. Elle a toujours vécu par et pour sa fille. Séparée du père à la naissance, elle a toujours voulu avoir sa fille rien que pour elle, s'est repliée sur sa vie, a fui ses amis

    Et puis un jour, tout lui échappe, elles n'en peuvent plus toutes les deux. La fille ose enfin lui dire tout son mal-être et la mère comprend qu'elle ne peut plus gérer sa maladie toute seule. Elle admet sa défaite face au cancer, elle accepte que sa fille va mourir. La jeune femme va pouvoir partir apaisée

    Le temps est suspendu à un souffle de la mort, le poids de l'absence est déjà installé.
    L'atmosphère est oppressante, les personnages presque en apnée.
    C'est lumineux, bouleversant, il n'y a pas de dialogues, ce qui maintient le récit en vase clos. Les rares rapports entre humains se limitent au strict nécessaire.
    C'est un roman court, comme le temps qui reste à vivre après un cancer agressif. La douleur ne nous est pas épargnée, elle est crue et omniprésente. Pour une maman, le plus important, c'est le bonheur de son enfant. Alors quand il tombe malade et qu'elle est impuissante face à la maladie, c'est comme si elle avait failli à son rôle de maman, elle se sent coupable, le cancer lui vole son enfant, la dépossède, la prive, l'empêche, l'entrave. Voir son enfant mourir est la pire chose à vivre.
    Ici, ce n'est pas le cancer qui est mis en avant, c'est le ressenti d'une mère face à la maladie et la mort imminente et inéluctable. C’est la souffrance d’une mère qui refuse l’inéluctable.