Prescripteurs de saines addictions

Barack Obama, l'Amérique nouvelle
EAN13
9782809800777
ISBN
978-2-8098-0077-7
Éditeur
Archipel
Date de publication
Collection
Roman français
Dimensions
22,5 x 14 cm
Poids
358 g
Langue
français
Code dewey
320.973092

Barack Obama, l'Amérique nouvelle

De

Archipel

Roman français

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DU MÊME AUTEUR

L'Affaire di Falco: l'Église en question, Ramsay, 2003.

Les États-Unis : questions sur la superpuissance, Milan, 2004.

Un livre présenté par Joseph Vebret.

Ce livre constitue une édition augmentée et mise à jour de Barack Obama, ou le nouveau rêve américain (L'Archipel, septembre 2008).

www.editionsarchipel.com

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Montréal, Québec, H3N 1W3.

eISBN 978-2-8098-1111-7

Copyright © L'Archipel, 2008.

À mon fils.

Avant-propos

Historique. Le terme n'est pas galvaudé. Un Noir a été élu président des États-Unis d'Amérique, un pays que la guerre de Sécession, déclenchée par la question de l'esclavage, a failli détruire, et où la ségrégation était encore en vigueur au début des années 1960. Le « rêve » de Martin Luther King, formulé il y a tout juste quarante ans, est donc devenu réalité. Barack Hussein Obama Jr, fils d'une mère blanche du Kansas et d'un père noir du Kenya, époux de Michelle Robinson, descendante d'esclaves, doit prêter serment le 20 janvier 2009, à midi. « Moi, Barack Hussein Obama, jure solennellement que je servirai avec foi la fonction de président des États-Unis et ferai de mon mieux pour préserver, protéger et défendre la Constitution des États-Unis. Et que Dieu m'aide1 », déclarera-t-il sur les marches du Capitole, une main posée sur la Bible, l'autre levée, face au président de la Cour suprême.

La victoire de Barack Obama, le 4 novembre 2008, était on ne peut plus nette. 64 % des Américains en âge de voter ont accompli leur devoir civique, le plus fort taux de participation depuis l'élection de John F. Kennedy en 1960. L'ampleur du succès est considérable : avec 62,5 millions de voix, soit 7 millions de plus que son concurrent John McCain, 364 grands électeurs (contre 174), vingt-huit États sur cinquante (plus le Disctrict of Columbia) et le gain de plusieurs territoires traditionnellement républicains (Colorado, Virginie...), le candidat démocrate a fait fort. Entend-il toujours travailler avec des républicains, comme il l'a mentionné au cours de sa campagne ? Qui osera franchir le pas ?

Porté par une organisation de campagne hors pair et par des circonstances exceptionnellement dramatiques – deux guerres en cours, la crise économique la plus grave depuis la Grande Dépression des années 1930 –, Barack Obama fait face à de lourds défis. L'attente, aux États-Unis comme dans le reste du monde, est immense.

Ce livre est le récit d'un destin hors norme. De sa naissance à Hawaii aux marches de la Maison Blanche, le parcours incertain du jeune travailleur social devenu avocat, professeur et enfin homme politique y est relaté par des témoins directs de son ascension. L'identité, le profil psychologique du futur Président se construit peu à peu, parfois dans la difficulté, souvent dans l'audace, toujours avec une grande lucidité. Puis nous entrons dans les coulisses d'une campagne exemplaire, des plaines enneigées de l'Iowa à la nuit électrique de Chicago, en passant par l'incroyable Convention démocrate de Denver, sacre avant le sacre, qui vit son investiture par acclamation. Paroles de conseillers du premier cercle, de supporters bénévoles, d'observateurs : « de jeunes et de moins jeunes, de riches et de pauvres, de démocrates et de républicains, de Noirs, de Blancs, d'Hispaniques, d'Asiatiques, d'Indiens d'Amérique, d'homosexuels, d'hétérosexuels, de handicapés et de personnes valides », selon les premiers mots du candidat victorieux, au soir du 4 novembre. Cette Amérique qui espérait « le changement » dans le sillon de Barack Obama, l'Amérique d'aujourd'hui et de demain, dont ces pages esquissent le portrait.

1. Ce serment figure dans la Constitution, à l'exception de la dernière phrase, non inscrite mais traditionnellement prononcée.

Prologue

Naissance d'un phénomène

Le temps est sec et glacial. – 15 °C en plein mois de février, à Chicago, c'est plutôt habituel. Mais, ce jour-là, « Windy City », la ville du vent, ne frémit à aucun souffle. Dans le centre-ville historique, les plus anciens édifices d'Amérique grattent un ciel toujours bleu. En bas, le lac Michigan est gelé. Pas seulement sur la rive, mais au large aussi. Des vapeurs blanches sortent des trottoirs, comme dans les films. Les piétons, nombreux ce matin, pressent le pas pour aller au travail. Casquettes des White Sox ou des Cubs, les deux équipes de base-ball locales, feutres élégants, tout se côtoie sur Michigan Avenue.

Le siège du Chicago Tribune, le puissant quotidien du Midwest, affiche un style gothique années 1920. Sur sa façade sud, les touristes admirent les pierres dont on dit qu'elles proviennent des plus célèbres cathédrales du monde, dont Notre-Dame de Rouen. De l'autre côté de l'artère, un escalier s'enfonce dans les profondeurs de la ville.

Étrange atmosphère qui n'est pas sans rappeler les cases nocturnes de Tintin en Amérique. Dans ce souterrain, les voitures roulent vite. On imagine aisément les guet-apens tendus aux « Incorruptibles » par les hommes de Capone. À cette évocation, on sourit. « Il est loin le temps de la prohibition, on est au XXIe siècle. » Pas si sûr ! On pousse la porte de la Billy Goat Tavern. Sinistre. Ce haut lieu de la vie nocturne s'éveille à peine. Son heure de gloire remonte aux années 1970 et 1980, lorsque John Belushi et ses acolytes de l'émission satirique « Saturday Night Live » y faisaient la fête. On demande un café pour se réchauffer. Le barman, qui essuie un verre d'un coup de poignet ferme, lève à peine les yeux. Le liquide brûlant arrache le palais.

Le pub est vide. À l'exception d'un homme, assis à une table au milieu de la salle sans fenêtre. Une pile de journaux, une tasse qui fume et une odeur de tabac chaud. C'est ici que John Kass, la cinquantaine, a donné rendez-vous. Le Billy Goat, c'est son antre. Cheveux grisonnants, Kass carbure au café et sans doute à autre chose. Surprise, le sourire est aimable et la poignée de main chaleureuse. Son jeune assistant le rejoint. On dirait de vieux copains. John Kass est une figure du petit monde politico-médiatique de Chicago. Journaliste au Tribune, il y tient une chronique quotidienne. Le type de chronique sans doute honnie par la direction, mais qui persiste grâce à son succès populaire. Kass ne pratique pas la langue de bois. Et sa plume est acérée.

Demain, Barack Obama, jeune sénateur local, annoncera en grande pompe sa candidature à la présidence des États-Unis. La nouvelle icône politique n'émeut guère John Kass. Il en a vu d'autres. Dans le discours ambiant, l'homme détonne. Dans ses chroniques, il lâche ses coups. Alors on a envie de l'entendre parler. Une dernière gorgée et c'est parti.

— Ça vous dérange si j'utilise cette conversation dans ma chronique de demain ? demande-t-il d'emblée.

— Non, pas du tout.

— Pourquoi vous intéressez-vous à Obama ?

Mauvais départ, l'interview est inversée. Il ne fallait pas s'attendre à autre chose venant d'un journaliste.

— Il est jeune, il a la possibilité d'être le premier Président noir d'Amérique, cela semble justifié, non ?

Kass regarde fixement et tire une taffe.

— Mouais, on peut penser ce qu'on veut de lui.

— Vous n'avez pas l'air de l'apprécier, en tout cas.

— Ce n'est pas ça. Je veux dire qu'on peut vraiment penser ce qu'on veut de lui.

Suit une analyse intéressante. Sans doute l'une des plus pertinentes entendue – ou lue – depuis le début du phénomène Obama. John Kass parle de l'effet miroir. « Barack Obama est tout ce que vous voulez. Chacun projette ses envies, ses fantasmes sur lui. Il vous renvoie votre propre image, votre propre idée, votre propre opinion politique. » Ce n'est pas qu'il soit un homme lisse, sans personnalité, non. Le journaliste insiste : « Si vous êtes noir, vous voyez en lui le candidat africain-américain. Si vous êtes blanc, vous voyez en lui le juriste brillant et l'homme politique intelligent. Si vous êtes libéral1, vous adorerez ses thèses les plus audacieuses. Si vous êtes plutôt cent...
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