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Aux tables du pouvoir / des banquets grecs à l'Elysée, des banquets grecs à l'Élysée
EAN13
9782200354701
ISBN
978-2-200-35470-1
Éditeur
Armand Colin
Date de publication
Collection
DD.ES&PUB SPEC
Nombre de pages
320
Dimensions
22 x 15 cm
Poids
488 g
Langue
français
Code dewey
394.1209

Aux tables du pouvoir / des banquets grecs à l'Elysée

des banquets grecs à l'Élysée

De

Armand Colin

Dd.Es&Pub Spec

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003004?> Chapitre 1?>LES RITUELS DU BANQUET GREC?>Socialisation, exclusion, transgression?>«Le symposion archaïque est un espace clos, limitéà un petit nombre de convives égaux entre eux, qui se suffisent à eux-mêmes. Le plaisir du symposion associe, en les mélangeant, le vin, la musique, la parole et le spectacle : c'est uniquement le spectacle fourni par les convives, le décor de la salle où l'on est réuni, et bien évidemment celui des vases qui circulent aux mains des buveurs» (François Lissarrague)Introduction?>Le banquet grec est à l'origine d'une forme spécifique mais déterminante de la sociabilité politique développée par les cités depuis l'époque héroïque jusqu'à l'époque hellénistique et romaine. L'origine de ce phénomène commensal est difficile à cerner et se perd dans les récits épiques et mythologiques. Ainsi la poésie d'Alcée au VIIe siècle av. J.-C. fait-elle mention du terme symposion, « boire avec », tandis que dans le même temps une inscription retrouvée dans la cité mycénienne de Tirynthe révèle des notions liées aux pratiques du banquet où l'on évoque des « chefs de banquet ». À la même époque, la cité de Sparte organise déjà des repas publics, les syssitia, forme de commensalité sans doute influencée par les traditions doriennes.Le croisement des différents types de sources accessibles rend l'étude du banquet grec plus dense depuis une quarantaine d'années. L'archéologie a permis de restituer les formes des salles du festin, dans l'espace privé de la demeure aristocratique comme dans l'espace public des sanctuaires et bâtiments officiels. Les plus récentes fouilles des nécropoles ont mis au jour un mobilier et des ustensiles de cuisine, et de service – couverts, coupes à boire...– qui nous renseignent sur les arts grecs de la table. Les travaux de zooarchéologie, quant à eux, nous apportent des informations précieuses sur le contenu même des repas. Notre connaissance est encore affinée par les quelques traités de cuisine qui décrivent incidemment ou de façon détaillée les comportements «épulaires » et nous livrent des recettes précises. L'épigraphie enrichit notre savoir sur les questions d'approvisionnement des cités et les modalités opératoires des repas publics. L'iconographie quant à elle nous offre en abondance des scènes de commensalité qui ornaient déjà les grands cratères corinthiens – convives allongés sur des lits entourés d'esclaves – comme sur les « plats à poissons » du IVe siècle, comportant en leur centre une cavité pour la sauce, qui figurent des images de poissons et de fruits de mer. À ces diverses sources on doit ajouter l'apport des trouvailles archéologiques d'installations de cuisine (four, foyer), de matériel liéà la préparation des repas (meules pour la farine, pilons, grils, poêles, marmites, casseroles...), ainsi que des pressoirs ou des fumoirs destinés aux salaisons et aux viandes fumées.Les études menées sur les pratiques du banquet ont conduit à une réflexion précoce sur les liens qu'elles pouvaient nourrir avec les pratiques civiques, politiques et religieuses de la société grecque. Le récit épique des origines du banquet détermine la place des hommes face au divin, puis des citoyens face aux non-citoyens et, partant, des Grecs face aux non-Grecs. Si la commensalité renforce la cohésion de la communauté qui prend part aux banquets publics ou privés, elle est nécessairement agent de discrimination pour tous ceux qui sont exclus du corps civique. Le modèle égalitaire qui semblait prévaloir entre les convives est aujourd'hui remis en cause par les hiérarchies subtiles qui peuvent s'y dessiner et s'y exprimer avec plus ou moins de radicalité en fonction du nombre des commensaux et de la forme que revêt le repas pris en commun. Espace d'intégration, le banquet grec établit des hiérarchies qui servent de marqueur social et politique. Par ailleurs l'historiographie récente a pris pour habitude d'établir une analogie entre l'élargissement du corps civique à la fin de l'époque archaïque et les mutations de l'accès au banquet : la table serait une réduction de la vie politique de la cité. Le débat se nourrit des œuvres « classiques » des Ve et IVe siècles de Platon et de Xénophon sur le symposion, mais également d'Aristote, du Banquet des savants d'Athénée, des comiques comme Aristophane, et, plus tardivement, du Banquet des Sept Sages et des Propos de Tables de Plutarque. Cependant l'idée d'un banquet comme symbole de la cité reste sujette à discussion. En revanche, les pratiques jugées déviantes, voire les refus de la commensalité offrent une lecture, en creux mais peu équivoque, de l'image que les Grecs se font de l'usage du banquet et finalement de la civilisation hellénique.
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