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Fictions nationales. Cinéma, empire et nation en Ouzbékistan (1919-1937)
EAN13
9782811123482
Éditeur
Karthala
Date de publication
Langue
français

Fictions nationales. Cinéma, empire et nation en Ouzbékistan (1919-1937)

Karthala

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L’Union des républiques socialistes soviétiques formait-elle un empire ?
Comment les États-nations d’Asie centrale – et l’Ouzbékistan en particulier –
ont-ils émergé et comment se sont-ils consolidés à la veille de la Seconde
Guerre mondiale ? Comment se traduit la violence stalinienne dans la région ?
C’est en étudiant le cinéma de fiction produit dans l’entre-deux-guerres en
Ouzbékistan que Cloé Drieu répond à ces questions et expose précisément les
mécanismes d’assujettissement, tant institutionnels que symboliques, de la
périphérie ouzbèque au centre moscovite.

En effet, le film, parce qu’il est au coeur d’enjeux politiques et
économiques, mais aussi parce qu’il relève de la construction d’imaginaires,
tant nationaux qu’impériaux, est un fil conducteur singulier. De 1924, date de
naissance politique (création de l’Ouzbékistan soviétique) et
cinématographique (réalisation du premier film de fiction), à 1937, date de la
terreur stalinienne mais aussi du passage au cinéma parlant, le film suit les
circonvolutions de l’histoire tragique des premières élites nationales dans le
premier tiers du XXe siècle. Comment les cinéastes ouzbeks se sont-ils emparés
de la caméra ? Quels regards ont-ils porté sur l’aventure révolutionnaire ?
Comment l’ont-ils traduite cinématographiquement ? Et, finalement, comment
ont-ils perdu, temporairement, l’usage de la « parole cinématographique » ?

Fruit d’une dizaine d’années de recherches sur des documents filmiques et
administratifs consultés dans les archives nationales ouzbèques ou dans divers
sites archivistiques à Moscou, cet ouvrage offre un regard neuf sur l’histoire
du cinéma soviétique, en s’intéressant à un cinéma national inconnu
jusqu’alors. Mais surtout, en privilégiant un regard décentré pour donner la
priorité à la périphérie, il permet de saisir la constitution des grandes
matrices idéologiques, encore majoritairement à l’oeuvre aujourd’hui. En
abordant les questions de domination, d’hégémonie et de violence, d’empire et
de nation, de résistance et de consentement, il s’insère pleinement dans les
débats actuels des sciences sociales.
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