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L'ours et le philosophe
EAN13
9782246828990
Éditeur
Grasset
Date de publication
Langue
français

L'ours et le philosophe

Grasset

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L’ours, c’est le sculpteur Etienne Maurice Falconet, auteur de la statue
équestre de Pierre Le Grand à Saint-Pétersbourg.
Le philosophe, c’est Diderot qui intervint avec empressement auprès de
Catherine II pour que son ami bénéficiât de cette commande qui allait assurer
sa célébrité dans toute l’Europe.
A travers leur amitié, leur correspondance et leur longue querelle épistolaire
autour de la notion de postérité, Frédéric Vitoux restitue ici une époque et
des hommes essentiels de l’histoire des idées (L’Encyclopédie et ses artisans,
Diderot, d’Alembert, Rousseau, Voltaire, ou le trop méconnu chevalier de
Jaucourt). A la faveur de rapprochements et de digressions (cet art dans
lequel excella Diderot qui se comparait lui-même à un chien de chasse mal
dressé), ce sont des moments de sa propre vie qu’il mêle à la matière de son
essai , ce qui lui permet de s’exprimer mezza voce sur le débat qui, en son
temps, nourrit l’amitié des deux hommes et aboutit à leur rupture.
Falconet ne croyait pas à la postérité tandis que Diderot plaçait en elle tous
ses espoirs. Ces options antagonistes trahissent le caractère des deux hommes
: Falconet misanthrope, farouche, pessimiste, d’une probité artistique sans
faille, mais volontiers brutal (on l’accusera, à tort du reste, d’avoir poussé
l’un de ses élèves au suicide par ses jugements intransigeants à son égard),
s’aliénant en Russie tous ses interlocuteurs, et pour finir ingrat. Diderot
infatigablement dévoué à ses amis, affectif, optimisme et altruiste.
Leur fervente amitié se dissipa donc dans la rancune et la défiance en raison
de plusieurs maladresses du sculpteur, son refus de tenir sa promesse de
recevoir Diderot sous son toit, à Saint-Pétersbourg, quand le philosophe se
décida enfin à entreprendre ce long voyage qu’espérait et attendait
l’impératrice Catherine II depuis si longtemps mais aussi parce que   Falconet
laissa publier, sans l’aval de Diderot, leur correspondance.
De Russie, Diderot rentre désabusé de son rêve philosophique consistant à
convertir Catherine II aux Lumières  ; Falconet, lui, claquera la porte et
n’assistera même pas à l’inauguration de son chef d’œuvre.
Rien de désincarné dans cet essai. Le récit de l’amitié des deux hommes donne
matière à des retours sur soi de l’auteur  : l’île Saint-Louis qui lui est si
chère, où vécurent aussi ses deux personnages  ; des rencontres (Le Marchand
; Jorge Amado  ; la création du Périscope de l’île Saint-Louis, qui fut
l’occasion de la rencontre essentielle avec son épouse Nicole  ; le beau
portrait de l’ours Bernard Frank et du non moins ours Céline, plus amer et
véhément à son retour d’URSS en 1936 que ne le fut Diderot en 1774  ; la
découverte de la divagation d’un Laurence Sterne libérateur, l’auteur de
Tristram Shandy dont l’influence fit déterminante pour l’auteur de Jacques le
Fataliste…)
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