Prescripteurs de saines addictions

Festival d'Angoulême du 26 au 29 janvier 2017

La sélection officielle 2017

Venez découvrir les choix de cette année et n'hésitez pas à partager vos avis !

19,00

Depuis 2013, Jean-Christophe Menu tient la rubrique “Chroquettes” dans les pages de Fluide Glacial. Mélange d'autobiographie et de reportage, les Chroquettes abordent essentiellement deux axes complices : la musique (ici plutôt underground, garage, punk, expérimentale ; même si Neil Young ou Alice Cooper y ont aussi leur place) et la bande dessinée (du graphisme alternatif à l'influence de grands anciens tels Gotlib ou Moebius).

Entre le jury fanzine d'Angoulême, les "24 heures de la BD" de Besançon, des concerts de Père Ubu ou des Black Lips, des souvenirs de 45 tours ou des premiers albums de Franquin, Jean-Christophe Menu parle ici de ses expériences, coups de cœur et souvenirs avec une subjectivité totalement assumée. Les Chroquettes forment un ouvrage foisonnant, drôle et riche de références éclairantes sur une certaine contre-culture polymorphe et persistante…

Pionnier de l'autobiographie en bande dessinée, fondateur et directeur de la maison d'édition L'Association de 1990 à 2011, Menu propose ici un album hors du temps, proche de Gébé, de Mandryka ou de la culture punk. Aux pages prépubliées dans Fluide Glacial viennent s'ajouter des planches publiées par Libération, Pilote ou Artpress dans le même esprit, convoquant aussi bien la figure de Catherine Millet que l'esprit de Mai 68.


L'Association

19,00

Lewis Trondheim et Brigitte Findakly forment en bande dessinée comme à la ville un duo depuis de nombreuses années. Si la bibliographie pléthorique de Lewis Trondheim n’a plus de secret pour personne, celle de Brigitte Findakly, son épouse et coloriste, quoique toute aussi importante, reste moins connue. De Pif Gadget, à ses débuts, au Chat du Rabbin, des Formidables aventures de Lapinot au Retour à la terre, en passant par Ralph Azham, on lui doit la mise en couleurs d’une centaine d’albums dont certains ont été les plus marquants de ces dernières années.

Avec ce livre à quatre mains, Lewis Trondheim délaisse ses animaux anthropomorphisés et dessine de véritables êtres humains pour raconter l’histoire de celle qui partage sa vie. Née en Irak, d’un père irakien et d’une mère française à l’orée des années 1960, le livre retrace son enfance passée à Mossoul, ville du nord de l’Irak, à une époque où, bien avant l’arrivée au pouvoir de Saddam Hussein, se succèdent coups d’État et dictatures militaires. Déroulant le fil de ses souvenirs, on découvre alors une vie de famille affectée par les aberrations de la dictature et leurs répercussions sur la vie quotidienne, jusqu’à l’inéluctable exil vers la France au début des années 1970. Une arrivée en France elle aussi difficile, une expérience migratoire faite de difficultés administratives, sociales et culturelles.

Dans ce récit qui prend pour toile de fond une triste actualité, Lewis Trondheim et Brigitte Findakly brossent en saynètes percutantes et sans ambages, mais pas moins sensibles, la trajectoire singulière de la coloriste qui, pour la première fois, occupe le premier rôle dans un livre. Ponctué de photos et de parenthèses sur les coutumes, la culture irakienne et les souvenirs de Brigitte Findakly, on partage avec elle, la nostalgie de ceux qui ont laissé derrière eux leur pays d’origine, et les liens fugaces qui subsistent. À l’image des coquelicots qui fanent si vite.


T.01 -

1

Urban comics

24,00

Bienvenue à Cul-de-sac, petite ville américaine comme il en existe des centaines. Dans cette ville ordinaire résident Madeline et Peter Otterloop, heureux parents de la petite Alice et de son frère aîné Petey. Si la candeur et l'insouciance rythme le quotidien tranquille d'Alice, Peter, à l'inverse, est pétri d'angoisses que même les grandes personnes choisissent d'évacuer.


Tardi replonge dans les tranchées pour une dernière "mise au point" sur l'horreur et l'absurdité de ce conflit.
Des deux côtés, des hommes à bout de force, enfouis dans les tombes qu'ils ont creusés à leur usage, s'appliquent méthodiquement à s'entretuer... Il n'y a pas pire guerre qu'une guerre de position qui s'éternise!


18,00

On aurait sans doute tort de considérer Michael DeForge comme un dessinateur purement dévoué au bizarre, un obsédé du glauque et un apôtre du malsain. Certes certes certes, le prodige canadien s’aventure souvent dans des recoins bien sombres, et n’a pas peur de jouer avec les aspects les plus monstrueux de l’être humain; mais ce qui fait que le travail de DeForge est parfois dérangeant tient moins d’une volonté superficielle de se complaire dans le «trash» que d’une certaine faculté à toucher là où ça fait mal, là où gît une vérité peu agréable à entendre. Cette vision du monde, parfois peu amène, parvient au lecteur dans une forme sans cesse renouvelée, le trait s’adaptant au sujet et aux ambitions de chaque histoire. DeForge n’est pourtant pas qu’un pur formaliste, et il faut souligner son travail sur la narration, son vrai talent d’écriture et son attachement aux mots. Toutes ces qualités, on les retrouve dans Dressing. A l’image de certains écrivains orfèvres de la nouvelle plutôt que du roman fleuve, DeForge excelle dans les histoires dites courtes, des récits de quelques pages aux situations souvent kafkaïennes, traversés de personnages victimes des circonstances, ignorant jusqu’au bout le pourquoi de leur destin; des histoires courtes aux décors changeant – Mars, le Pôle Nord, une chambre d’hôtel, l’intérieur d’une tête, une jungle emplie d’animaux armés – mais qui disent bien plus qu’il n’y pourrait paraître toutes les blessures et les perversions de l’âme humaine.