Prescripteurs de saines addictions

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    7 mai 2015

    Ce roman débute avec une présentation de Tom, un peu comme JP Jeunet présente son Amélie Poulain, ça m'a fait le même effet entre drôlerie et grande tendresse ; le livre entier respire la même joie de vivre que le film. C'est léger, tendre, décalé, drôle, néanmoins, les thèmes de la différence, de la difficulté de s'intégrer dans la société sont très présents. Ils le sont pour Tom bien sûr ou pour Palma, une jeune fille elle-même isolée tant par sa personnalité que par son milieu social défavorisé que par son ascendance directe d'immigrés portugais -une histoire de nos jours ferait d'elle sans doute une Fatima ou une Yasmina. Ils le sont également pour Pauline, femme au foyer dans les années 60 dans lesquelles elles viennent tout juste de gagner leur droit à travailler, à gérer leurs biens et à ouvrir un compte en banque (réforme du régime matrimonial de 1965 !) qui rêve de sortir de chez elle et de travailler. Le couple subira quelques tourments suite à cette décision, à l'incompréhension de Serge et à sa chute professionnelle en même temps que l'ascension de Pauline. Tom, en Super Héros qu'il est voit et entend tout cela. C'est alors qu'il va tout faire pour tenter d'arranger les choses autour de lui, c'est sa mission en tant que Tom L'Éclair.

    Il est bath Tom, je l'aime bien, c'est un personnage que le lecteur aura du mal à oublier. A petites touches, Paul Vacca nous décrit son isolement, ses rites, ne dit jamais le mot d'autisme, mais on le comprend très vite (même si comme moi, vous ne lisez que rarement les quatrièmes de couvertures), il nous écrit son quotidien, ses relations aux autres, la société de 1968 en grand chamboulement, le progrès technique déboule en masse dans les maisons, les moeurs évoluent. Et puis, quel plaisir de ne pas avoir à toutes les pages des envois de textos, des courriels, des appels en pleine rue...

    Un roman bourré de charme, rafraîchissant à mettre entre toutes les mains, un pur moment de bonne humeur. Je ne vais pas rajouter d'adjectifs, j'aurais pu avec un dictionnaire des synonymes : adorable, élégant, séduisant, gai, plaisant... (ah si je l'ai fait), franchement, croyez-moi sur parole, c'est un livre pour vous, je le sens, je le sais. J'ai pu lire déjà que certains lui reprochaient une fin un peu ratée, parce que pas crédible, je m'insurge car le parti-pris de ce genre d'œuvres, tant littéraires que cinématographiques, c'est d'avoir une happy-end : imagine-t-on Amélie Poulain vivre sous les ponts et mourir dans d'atroces souffrances ? Non bien sûr ! Alors, vive Tom L'Éclair.

    J'ai tout lu (enfin presque) de Paul Vacca :La petite cloche au son grêle, Nueva Königsberg, La société du hold up, et j'ai tout aimé, et vous le constatez, je continue à tout aimer.


  • Conseillé par
    9 avril 2015

    Tom l'éclair

    Le récit se déroule dans les années 60. Tom, un enfant surdoué, autiste,mal intégré dans une société qu'il ne comprend pas est isolé à l’école. Mais il découvre les comics américains pour lesquels il éprouve un véritable engouement. Le petit garçon s’identifie alors à ces héros dotés de pouvoirs infinis. Comme eux, il veut changer le monde; il va commencer par lui-même et découvrir comment se faire des amis, il transformera aussi la vie des autres en particulier de ses parents. Mais cela ne va pas sans quelques difficultés et même sans dangers car la vie n’est pas ne prend pas racine dans une bande dessinée.

    Même si l’on comprend bien le parti pris de l’auteur de faire du petit garçon un super héros et de placer l’intrigue à mi-chemin entre réalité et univers de la BD, le résultat ne m'a pas convaincue. L’on ne parvient pas à croire à ce gamin surdoué, autiste certainement, bien que cela ne soit jamais dit, et qui parvient aussi facilement à surmonter son handicap. Cette hésitation entre réalisme et fiction m'a laissé un sentiment mitigé et une sorte de malaise par rapport au roman que j'ai jugé par moments trop gentil, trop conte de fées! Je ne suis pas parvenue à éprouver l'émotion. Il y a pourtant plein d’idées charmantes ou amusantes qui pourraient être bonnes mais qui sont contées d'une manière plate. La volonté, en effet, de conduire le récit à hauteur d’enfant, donne un style volontairement simplifié, faussement naïf, mais qui finit par être banal, sans ressort et sans vie.
    Les thèmes sont bien de notre temps, autisme, Alzheimer, indépendance de la femme, chômage - de tout temps peut-être - mais le diagnostic de l'autisme actuellement n'est pas chose aisée et il l'était encore moins dans les années 60. Aussi le choix de cette époque paraît gratuit ou du moins n'ajoute rien à l'histoire. Je suis donc déçue et c’est bien dommage car j’avais aimé la légèreté, l’humour et la sensibilité de La petite cloche au son grêle.


  • Conseillé par
    30 mars 2015

    Une lecture en demi-teintes

    Lecture en demi-teintes, je n'ai pas réussi à adhérer à l'histoire et aux personnages sortis de l'imagination de Paul Vacca. Il nous ramène en 1968, dans une cité pavillionnaire de Montigny. La famille Leclerc vient de s'y installer et Tom, enfant unique, entre en Sixième. En apparence, tout semble banal, ordinaire : un père très occupé par son travail, une femme au foyer et un fils qui grandit.

    Le grain de sable, c'est que Tom est autiste et que Pauline, sa mère, lui assure un quotidien réglé au millimètre pour que le monde lui soit supportable. Elle a consulté de nombreux spécialistes, mais son enfant reste une énigme, le visage toujours impassible, incapable de montrer, peut-être d'éprouver des émotions.


    L'histoire est racontée par Tom, il n'a pas les clés pour comprendre ses parents ou ses camarades de classe, le fonctionnement de la vie en société lui est étranger et il se trouve toujours "à la marge". L'auteur nous raconte son combat pour franchir ce mur invisible qui le sépare des autres. Passionné de comics books, il s'imagine être un super-héros et vêtu de son tee-shirt fétiche, en couverture du livre, rêve d'accomplir des exploits et de sauver la veuve et l'orphelin. Seulement Montigny n'est pas Gotham city et ses missions n'ont pas toujours ni le panache ni le résultat escompté.

    Il tente bien de se faire des amis et comme l'amitié pour lui reste un concept, il se procure un livre : "Comment se faire des amis" de Dale Carnegie. Il suit à la lettre chacun des conseils donnés mais comprend rapidement que ceux-ci, très théoriques, fonctionne mal dans la vraie vie.

    Les jours passent, le lecteur découvre davantage Pauline et Serge, les parents de "Tom l'éclair". Ils ont leurs failles, leurs faiblesses et leur fils découvre que leur mariage n'est peut-être pas aussi solide qu'ils voudraient le lui faire croire. Tom commence à nouer des liens avec Palma, une fille, qui a choisi d'elle-même, de se mettre à l'écart des autres, avec un petit nouveau, dont les parents sont adventistes et à la suite d'un malentendu, devient copain avec un des meneurs "rigolos" de la classe.

    Je ne sais pas exactement à quel moment j'ai décroché de l'intrigue, à quel instant je n'ai plus cru à cette histoire. Les événements s'enchaînent de manière un peu téléphonée, les situations frisent parfois la caricature et la fin (sans vous la dévoiler) m'est apparue comme un "cliché" géant.

    Dans le cadre de mon métier, j'ai accueilli dans ma classe des enfants autistes. Je sais à quel point il est difficile d'établir une communication avec eux.Je sais aussi que quand on trouve le chemin pour aller jusqu'à eux, on n'est pas à l'abri d'une "sortie de route" qui brise le lien ténu établi. C'est un sujet qui me tient à cœur, j'attendais peut-être trop de ce roman. J'espère cependant qu'il trouvera des lecteurs plus réceptifs que moi.

    Petit extrait

    " Tom sent bien qu'il lui faut une clé pour passer de l'autre côté du mur. Dans la cour de récréation, il voit des enfants qui interagissent, qui ne restent pas seuls. Ils parlent ensemble, partagent des activités, bref, ils ont des amis.

    C'est ça, la clef : il lui faut se faire un ami. "