Prescripteurs de saines addictions

Arrive un vagabond

Robert Goolrick

Anne Carrière

  • Conseillé par (Librairie Ravy)
    28 août 2012

    C’est en août 1948 que Charlie Beale choisit de s’installer en Virginie dans la petite ville de Brownsburg et c’est là qu’il rencontre celle qui va bouleverser sa vie : Sylvan Glass jeune femme mal mariée qui ne rêve que de cinéma et de vedettes. C’est un amour dévorant qui naît et auquel assiste tout un village impuissant parce que figé par le poids de la religion. Tout le talent de R. Goolrick est de réussir merveilleusement à impliquer le lecteur au cœur de cette passion inéluctable et tragique.


  • Conseillé par (Librairie Dialogues)
    11 août 2012

    A Brownsburg, quelque part en Virginie juste après-guerre, la vie est simple et les relations entre les membres de la communauté bien huilées. On trouve de quoi se nourrir à l’épicerie générale et les réponses à ses questions dans sa paroisse. Les règles sont parfaitement établies et respectées : Noirs d’un côté et Blancs de l’autre, et tout restera idyllique. Oh il y a bien quelques petites rivalités, quelques jalousies, quelques on-dit, mais c’est là juste ce qu’il faut pour saler un peu une existence sans guère de rebondissements…

    « Arrive un vagabond » avec ses couteaux de boucher et ses liasses de billets et naturellement la face du monde de Brownsburg s’en voit retournée ! Que faire d’un étranger qui dort à la belle étoile ? Pire : que faire quand cet étranger demande à travailler comme boucher ? Certes il n’est pas barbier, mais il semble toutefois y avoir matière à s’inquiéter… Il manie si bien ses couteaux.
    L’étranger s’appelle Charlie Beale, Beebo. Et très rapidement, ses yeux vont croiser ceux de Sylvan Glass…
    Robert Goolrick nous l’avait montré avec « Féroces » : il excelle à détailler les mœurs des petites communautés américaines, à en saisir les travers, à y puiser des personnages complexes, finalement si humains. C’est sur ce même terrain fertile que l’écrivain se meut dans « Arrive un vagabond », roman dans lequel il dépeint avec virtuosité les élans passionnels de deux êtres qui auraient pu, ailleurs et dans d’autres circonstances, s’appeler Jean Harlow et Clark Gable.


  • Conseillé par
    21 novembre 2012

    Beau mais dur

    J'ai eu un peu de mal à entrer dans ce roman pour une raison très précise, j'en avais assez des phrases qui commençait par "les gros sont..." ou alors "toutes les villes ont leur magasin tenu par un juif", je trouvais ça très cliché. Mais heureusement, ces phrases disparaîssent pour laisser la place à une histoire très sombre, où les personnages sont attirés (pas forcément dans le sens sensuel) les uns par les autres: Sylvan par Charlie bien sûr mais aussi par Claudie, la couturière hors-pair noire. Charlie est lui attiré par Sylvan mais aussi par Sam, le fils de son couple d'amis et par la seule église qu'il lui plairait de fréquenter mais dans laquelle il n'est pas le bienvenue car il est le seul blanc.

    Un livre à ne pas recommander à ceux que la violence envers les animaux gêne car une scène d'abattage de vaches est assez crue, à mon avis bien plus que dans Comme une bête de Joy Sorman (p.129). J'ai beaucoup aimé la galerie de personnages, surtout le jeune Sam. Si je n'ai pas réussi à aimer ce roman autant que d'autres blogueuses, c'est parce que je n'ai pas compris pourquoi certains personnages agissent comme ils le font: pourquoi Charlie entraîne Sam dans un endroit où il n'a pas besoin d'y être accompagné d'un enfant, pourquoi Sylvan préfère être fidèle à sa famille plutôt qu'à son amant. Et le poids du destin ou de l'enchaînement des évènements (appelons ça comme on le souhaite) m'a fait refermer ce roman avec le coeur lourd.


  • Conseillé par
    5 septembre 2012

    Ce que je m’apprête à vous raconter s’est bel et bien produit – et à peu de choses près, de la manière dont je vais la décrire. C’est en ces termes que Robert Goolrick s’adresse au lecteur pour raconter son histoire. Eté 1948, Brownsburd est une petit ville tranquille en Virginie. Rien d’important ne s’y est déjà passé. Une ville où la rue principale est flanquée de quelques commerces. Des habitants aux vies simples qui ont appris à vivre les uns avec les autres. Et pas moins de cinq églises pour accueillir tout ce petit monde le dimanche matin où la parole de Dieu est écoutée et appliquée.

    Et c’est à Brownsburd qu’arrive Charlie Beale avec ses deux valises. L’une contenant ses couteaux de boucher et l’autre de l’argent liquide. Il décide de s’y installer, et au bout d’une semaine il achète un terrain où il dort à la belle étoile ou dans son pick-up. Il propose au boucher Will Haislett de travailler gratuitement pour lui. Sa femme Alma n'y voit aucun inconvénient et rapidement, le couple l’invite à dîner ou à dormir chez eux. D'ailleurs, leur fils Sam âgé de cinq ans se noue d’amitié avec Charlie Beale. La communauté se pose des questions mais jamais publiquement : d’où vient-il ? et pourquoi ? Son travail apprécié par tous, sa gentillesse et sa discrétion font qu’il semble être adopté par tous. Et chez les Haislett, il est considéré comme un membre à part entière de la famille. Sam passe tout son temps libre avec lui. Mais quand Sylvan passe le seuil de la boucherie, Charlie Beale en tombe amoureux. Dans les salles de cinéma, la belle jeune femme accède aux paillettes et à Hollywood qui lui donnent l'illusion d'une autre vie. Son époux est l’homme le plus riche de la ville et son mariage n’est un contrat marchandé.

    Résumer ce livre à une simple histoire d’amour et d’adultère serait bien réducteur. Car Robert Goolrick excelle à nous détailler la vie de cette communauté. Les Blancs qui ne fréquentent pas les Noirs hormis en la personne de Claudie qui possède des mains de fée et coud pour ses dames des tenues. Comme partout, la personne qui détient de l’argent et des terres est importante. Peu importe qu‘elle soit grossière ou vulgaire, on la respecte. Même si l'on pense le contraire, on n'en dit pas mot.
    Brownsburd est une petite ville où chacun s’applique à ne pas faire de vagues et à respecter la parole prêchée le dimanche matin. En tombant amoureux de Sylvan, Charlie va bouleverser à tout jamais la vie de la communauté. Sam sera le spectateur de cette liaison. Un secret qu’il garde pour lui pour ne pas trahir Charlie en qui il a toute confiance.
    Je n’en dirai pas plus sur l’histoire sauf que dès les premières lignes, une tension s’installe comme un orage qui se prépare. Et quand la foudre tombe, elle n’épargne personne.

    Robert Goolrick possède cette capacité à décrire finement la psychologie de ces personnages ordinaires et terriblement humains ! Avec cette sensibilité extraordinaire et beaucoup de subtilité, il nous dépeint les sentiments, l’enfance trahie, les apparences trompeuses, l’intégration, les carcans de la religion, des vies vécues par procuration, l’aspiration à la sérénité mais aussi l’amitié, les non-dits tacites (et ce que l’on préfère ne pas voir), la solidarité. Des thèmes dont la portée est universelle.

    Je n‘ai pas lu ce livre, je l’ai ressenti avec une atmosphère quasi palpable ! Un coup de cœur entier !


  • Conseillé par (Librairie La Galerne)
    4 septembre 2012

    Excellent roman à la dramaturgie forte où la tension crescendo tient en haleine. Outre une très belle et très forte histoire d'amour qui laisse la gorge serrée, "Arrive un vagabond" est la chronique pertinente et fouillée de l'Amérique profonde de la fin des années 40. Un roman plein de passion, superbe, dur et totalement bouleversant.