Prescripteurs de saines addictions

Juste avant

Fanny Saintenoy

Flammarion

  • Conseillé par
    22 septembre 2011

    Un beau texte!

    Juste avant est un petit roman où se succèdent les monologuent intérieurs, tels une conversation, de Juliette, sur son lit de mort, et de Fanny son arrière-petite-fille, à son chevet.
    Une foule de souvenirs les submergent toutes deux, que ce soit la guerre, les vacances entre filles, l’enfance, les voyages...
    Certains passages renvoient au même souvenir, vécu par elles deux, et donnent réellement l’impression que malgré la mort qui s’installent entre elles, elles se comprennent et se répondent .
    Leurs réflexions se font écho : elles font le bilan de leur vie, Juliette face à la mort « … C’est bien de mettre un peu d’ordre dans ses pensées avant de partir, comme on range la maison avant un grand voyage. » et Fanny après un divorce, prête pour un nouveau départ.
    Nous traversons ainsi cinq générations de femmes, toute liée à une certaine fatalité, la solitude face aux hommes. Au fur et à mesure des pensées le lecteur se rend compte que malgré le changement d’époque et de générations, elles ont toutes les mêmes angoisses, les mêmes envies…
    J’ai vraiment été submergée par ce roman emprunt de douceur, d’amour, de souvenirs et de mélancolie !

    « Normalement, on va me coller avec mes parents, dans le caveau de Lembras. Toute cette vie pour finir par passer l’éternité à côté de ma mère qui me foutait déjà les jetons quand elle était vivante, merci. »


  • Conseillé par
    5 septembre 2011

    Deux récits et deux femmes. Juliette est une vieille dame à l’aube de finir sa vie et Fanny, son arrière-petite-fille tente de construire la sienne. Un siècle les sépare mais outre les liens du sans, les souvenirs les lient.
    Voilà une jolie découverte de cette rentrée littéraire ! Un premier roman qui en toute simplicité laisse beaucoup d’émotions après sa lecture. Juliette attend la mort mais maintenant elle a peur que son heure soit venue. Pourtant, elle a eu (selon l’expression) une longue vie. Mais s’apprêter à partir est difficile. Elle voudrait encore un peu de temps. Juste un peu. Juliette plonge dans ses souvenirs, remonte le temps dans une langue sans ambages. Elle qui a connu des moments difficiles à réussi à les surmonter grâce à sa gaieté et un optimisme naturel. Fanny est dans le train pour lui rendre visite. Une visite qui s’impose comme un besoin. Trentenaire, elle vient de divorcer. Elle aussi convoque le passé.
    Deux récits où les souvenirs se croisent, se superposent par instants, tissent la toile entre cinq générations. Juliette fait le point sur sa vie. Forcément, il y a des regrets inavoués qui donnent naissances à d'autres vies aux fondements hypothétiques. Mais, les sourires et la gaieté l'emportent. Fanny est la nouvelle la voix féminine de sa famille. Et, chaque génération a apporté une petite pierre à la jeune femme qu'elle est.

    Les époques changent mais les questions sur l’amour, la vie et la mort sont identiques.
    On retiendra de ce premier roman une délicatesse émouvante et simple. Et surtout, chacun gardera longtemps des souvenirs émoustillés, teintés d’une nostalgie surannée.


  • Conseillé par
    12 août 2011

    Un merveilleux échange silencieux entre les générations.

    Voici un chassé-croisé bien particulier, celui de deux femmes de la même famille.
    L'une est presque centenaire, l'autre a la trentaine. Elles sont toutes les deux à un croisement de leur vie. La plus jeune vient de divorcer : elle s'apprête alors à commencer une nouvelle vie ; et la plus ancienne des deux vit ses dernières heures.

    Elles vont à tour de rôle raconter leur vie. Cinq générations vont alors se télescoper, avec leurs différences mais aussi leurs étranges coïncidences. Comme si le destin s'amusait à répéter inlassablement le même shéma au fil des générations.
    Mais loin d'être un récit fataliste, Juste avant est surtout un formidable échange silencieux entre les générations.


    Sur son lit d'hôpital, Juliette a peur. Peur de la mort qui rôde et qui viendra bientôt, elle le sent. Alors elle se rappelle son enfance, sa solitude, la relation qui l'unissait à sa mère. Ses souvenirs lui servent de tuteur, ils la guident vers sa dernière demeure.
    Un peu comme s'il fallait se remémorer sa vie avant de la laisser partir.
    Fanny, elle, fait face à sa Granny. C'est elle qui l'accompagnera jusqu'à la fin. Elle aussi, près de ce lit et face à son arrière grand-mère, repense à sa vie, mais aussi aux vies des femmes de la famille.
    Ces derniers moments sont donc l'occasion de revenir en arrière, une dernière fois, d'imaginer aussi ce que d'autres auraient pu dire à leur place.
    C'est aussi l'occasion de revenir sur des souvenirs qui pèsent, qui embrument l'esprit : ces souvenirs coupables qui restent ancrés à jamais sous notre peau.
    On y lit les actes manqués, le manque de communication, mais aussi ces merveilleux liens que tissent les générations entre elles. Souvent, lorsqu'on a fait des erreurs, on essaie de ne pas les reproduire avec ceux qui viennent après nous. On fait plus attention.

    Juste avant est donc cette conversation que deux femmes auraient pu avoir. Avant qu'il ne soit trop tard. A travers cet échange d'inspiration autobiographique, le lecteur lit aussi sa propre histoire : certaines images feront écho à sa famille.
    Voilà comment un premier roman assez autobiographique touche à l'universel.

    Juste avant est bien entendu un récit de fin de vie, mais ce serait un tort d'imaginer que c'est un récit triste. Il est bien sûr fait de vie, avec les souffrances qu'elle peut entraîner (c'est long un siècle, il peut s'en passer des choses), mais en filigrane se dresse aussi un formidable portrait inter-générationnel.
    Daniel Pennac n'a pas eu tort en qualifiant ce récit de "gaieté étrange".