Prescripteurs de saines addictions

Maîtres et esclaves

Paul Greveillac

Gallimard

  • Conseillé par (Librairie L'Armitière)
    16 août 2018

    L'histoire de Kewei, petit garçon né en 1950 dans la campagne chinoise, est assez déroutante car dès sa naissance rien ne le destinait à devenir un peintre attitré au régime de Pékin. Et pourtant, cet enfant de la révolution qui subit famine et la violence dans son village est repéré par un garde rouge grâce à ses dessins.
    Kewei est un garçon fougueux qui fuit les coups de sa mère pour dessiner les scènes de son village, le marché, les paysans; Il a un don hérité de son père pour capter les attitudes, les expressions...
    Il part donc pour Pékin étudier aux Beaux Arts, découvrir une nouvelle vie; Il n'est pas dupe, il doit courber l'échine, taire ses convictions, renier son passé de paysan et ses parents pour acquérir la fameuse carte du parti.

    J'ai beaucoup aimé me replonger dans l'histoire de la Chine, la révolution culturelle, le fameux "Petit livre rouge", la bêtise humaine où les idéologies peuvent basculer d'un moment à l'autre selon l'humeur des politiques.


  • Conseillé par
    14 décembre 2018

    Dans la campagne du Sichuan en Chine, Kewei voit le jour 1950. Enfant unique d’un couple de paysans, il est attiré très jeune par le dessin comme son père. Mais pour sa mère dans cette Chine rurale, il n’est pas question que son fils s’adonne à sa passion. Et pourtant, Kewei va intégrer les Beaux-Arts à Pékin car son talent a été remarqué par un garde rouge.

    À travers ce roman, on suit le destin de Kewei, de sa famille mais surtout on est immergé dans la Chine sous Mao Zedong. D’abord peintre pour le régime, il devient lui-même un de ceux qui valide ou censure les œuvres d'arts au service de la propagande du parti. Au gré des luttes intestines du pouvoir, sa côte de popularité fluctue et pour s'assurer un avenir, il rejoint le parti. Kewei veut inculquer à son fils les valeurs et les principes dictés qu'il a lui-même embrassés par force. Un fils qui s'élèvera contre le Parti communiste chinois et contre son père.

    Les idéologies, le régime totalitaire, la peur, les dénonciations, l’asservissement, tout est détaillé et raconté avec force et puissance tout comme les conséquences de la Révolution culturelle.

    Il s'agit d'un roman dense et touffu mais passionnant ! Alors oui il y a quelques petites longueurs (liées aux événement politiques) et une histoire d’amour naissante dont je me serais bien passée mais j'ai vraiment aimé ce livre foisonnant. Paul Greveillac rend à merveille la vie de cet homme soumis à l’Histoire de son pays et il nous interpelle sur l’utilisation détournée de l’Art à des fins politiques.
    L'auteur sait jouer de touches poétiques comme de formulations plus cinglantes pour nous captiver et c’est réussi.

    " Li Fang, plus timide que jamais, était heureuse. Si l'on définit le bonheur comme un état de satisfaction matérielle et de gratification sociale. Si, le bonheur, c'est d'être un petit chien qu'on caresse, qu'on gâte, et qui sait rester à sa place."

    "Sur Tian'anmen, de jour comme de nuit, le carnaval battait son plein. Partout, on avait dressé des tentes. La grande place était devenue la cour des miracles de la révolution. La centrifugeuse de la contestation du monde. Le cœur de la passion politique."