Prescripteurs de saines addictions

Laure M.

19,50
Conseillé par (Librairie Dialogues)
3 septembre 2024

Un roman étrangement envoûtant

Muriel Barbery nous offre un roman étrange et poétique. C’est un récit d’atmosphère en forme de huis clos où se côtoient les morts et les vivants le temps d’une nuit dans une demeure de l’Aubrac.
L’auteure crée ainsi une unité de lieu et de temps dans laquelle dialoguent des personnages qui se sont rassemblés pour veiller à la mémoire d’un être cher, disparu depuis peu : l’écrivain néerlandais Thomas Helder. Parmi les proches du défunt, se trouve Margaux, une amie d’enfance qui a coupé les liens avec Thomas et la famille de celui-ci. Mais en ce soir d’hiver, à l’heure des obsèques, elle renoue avec chacun à travers une multitude de dialogues qui peu à peu l’amène à une prise de conscience. Le principal dialogue se tient avec Jorg, le frère aîné du défunt. Leur échange est énigmatique, un brin mystique. Il offre une réflexion philosophique et sensible sur la mort, le deuil et le pardon.
Ce roman met en scène une ronde de conversations qui évoquent l’absent et la trace qu’il laisse sur les vivants. Un récit envoûtant. L’étrangeté qui s’y dégage vous enveloppe d’un coton ouaté et vous offre quelques belles réflexions.

19,00
Conseillé par (Librairie Dialogues)
2 septembre 2024

Un roman sensible et instructif

Un premier roman enrichissant qui aborde un sujet peu traité en littérature française, à savoir la migration des Italiens au cours des XIX et XX° siècles en Tunisie, pays alors placé sous le protectorat français. Agnès Jesupret, biographe de profession, redessine avec pudeur et sensibilité le destin tragique d’une famille italo-tunisienne à travers le regard de Clara.
Lorsque le roman s’ouvre, Clara est une vieille dame. Elle est au crépuscule de sa vie quand elle rencontre une biographe anonyme à qui elle confie son histoire. Née en Tunisie, elle est issue d’une famille sicilienne qui a migré pour échapper à la misère. Son père a su prospérer sur cette terre parmi les Nord-africains, les Italiens de Tunisie et les colons français avant de connaître la déchéance lorsque les troupes allemandes occupent un temps le territoire pendant la seconde guerre mondiale. A la fin de la guerre, Clara et les membres de sa famille sont ruinés. Et lors de la décolonisation, ils sont contraints de quitter la Tunisie. Une partie retournera en Italie. Une autre, à l’instar de Clara, s’installera en France. C’est l’histoire passionnante d’une double migration qui a dû faire face à une violence humaine que l’écriture peut tenter de réparer en donnant la voix aux exilés. Un roman sensible et prenant dédié à tous les migrants.

Conseillé par (Librairie Dialogues)
2 septembre 2024

Un roman vibrant et d'une infinie délicatesse

L’auteur De notre monde emporté nous livre à nouveau un roman vibrant et d’une infinie délicatesse. Il nous raconte l’histoire de Rose, une corse mariée à un homme simple, sans heurt, s’attelant à ses tâches professionnelles et refoulant ses peines. Très jeunes, ils quittent leur île natale pour Toulon, à la recherche d’une vie meilleure. Ils y mènent une existence modeste avec leurs trois enfants qui grandissent et disparaissent. Rose est seule, s’accoutume à un quotidien sans éclats, jusqu’à sa rencontre avec Farida, un matin de 1957. Tout comme Rose, Farida est une déracinée. Elle vient d’Algérie et vit dans un bidonville. Entre ces deux femmes exilées, va naître une amitié poignante. Leurs différences culturelles et leurs appartenances sociales ne sont pas un obstacle. Au contraire, le lien précieux qui les unit se fait naturellement, avec une force tranquille qui émeut. On lit avec tendresse leurs échanges, leurs confidences et leurs rires. On les voit évoluer et s’émanciper. Ensemble, elles apprennent à lire et à écrire. C’est alors un nouveau monde qui s’ouvre à elles. Surtout à Rose, qui en découvrant les mots, découvrira le chemin de l’engagement. C’est un roman magnifique sur l’altérité, l’exil, la sororité et l’émancipation féminine. c’est un roman bouleversant sur l’histoire de deux femmes exceptionnelles qui j’espère sauront faire entendre leur voix au cœur de cette nouvelle rentrée littéraire.

24,80
Conseillé par (Librairie Dialogues)
5 juin 2024

Un roman élégant, sensible et audacieux

C’est d’abord un roman sensible et élégant. À nouveau, Tracy Chevalier nous invite à découvrir une page passionnante de l’Histoire. Elle nous la décrit au moyen d’une écriture gracieuse et précise. Et elle nous la raconte à travers le destin d’une femme forte. Cette femme s’appelle Orsola Rosso et la fileuse de verre, c’est elle. Fille cadette d’une famille de verriers établie sur l’île de Murano, elle va devenir une de ses femmes qui fabriquent dans l’ombre des perles de verre.
En effet, Murano, une île voisine de Venise, est réputée pour abriter des maîtres verriers qui ont su dompter le verre et l’exporter dans le monde. Si les hommes seuls peuvent souffler le verre, certaines femmes désireuses d’apprendre et d’apporter leur contribution, développent leur propre talent en fabriquant ainsi les perles de verre. Orsola va donc se spécialiser dans la création de celles-ci. Avec pugnacité ! Sa persévérance et son talent vont permettre à sa famille de survivre à de nombreuses difficultés qu’apportent les accords commerciaux, les guerres et les épidémies. Et la famille Rosso en a connu beaucoup car elle traverse les siècles. C’est l’originalité de ce roman, alors audacieux et ambitieux. Sur la Cité des Eaux le temps est autre, il s’écoule à une vitesse différente du reste du monde. Dès lors, l’existence d’Orsola et de ses proches est narrée de 1486 jusqu’à nos jours. Elle traverse les époques et s’adapte aux évolutions de celles-ci.
Tracy Chevalier nous offre un roman historique riche, foisonnant et passionnant. Elle nous dessine le portrait de Venise et de ses îles voisines sur presque 500 ans à travers le destin d’une famille ordinaire. Elle nous décrit ce que c’est qu’un chef-d’œuvre de verre, les passions et les frustrations qui animent un artisan. Enfin, à travers une construction narrative qui se joue du temps, elle nous montre subtilement à quel point il fut difficile et long pour une femme de s’imposer dans un art et d’avoir la reconnaissance de ses pairs.
Un roman envoûtant richement documenté.

Conseillé par (Librairie Dialogues)
5 juin 2024

Un roman d'une beauté folle

Un roman d'une beauté folle qui relie deux mondes, ceux de deux poétesses qui ont marqué le paysage littéraire, à savoir : Farough Farrokhzad, une poétesse iranienne, moderne et sulfureuse, née dans les années 30, trop tôt disparue, et Marie de Régnier, une figure littéraire qui a marqué la Belle Époque. Celle-ci était belle et intelligente, gracieuse et authentique, parfois perverse. Elle collectionnait les amants et les amantes, goûtait aux plaisirs sensuelles tout en étant mariée à Henri de Régnier et ayant pour amant et grand amour Pierre Louÿs, un poète essentiellement connu pour ses poèmes érotiques. Marie jouissait d'une liberté acceptée, voire admirée, à l'inverse de Farough qui fut sévèrement jugée par sa famille et la société de son pays.
La rencontre fictive de ces deux écrivaines se fait grâce à un personnage : Cyrus. Il est, dans le roman, le doux amant de Farough qui, pour l'apaiser, l'inspirer, lui raconte la vie de Marie et l'histoire d'amour qu'elle vit avec Pierre Louÿs. Ainsi Farough plonge dans l'univers de la Belle Époque et plus largement dans celui de l'Occident dont les mœurs et coutumes s'opposent à ceux de l'Orient. En effet, l'autrice nous amène d'un continent à un autre à travers le regard de deux poétesses qui ont cela en commun : celui d'être des grandes amoureuses assumées, éprises de liberté, sauvées par les mots et la poésie !