Prescripteurs de saines addictions

Lara C.

Lectrice compulsive avec toujours trois ou quatre livres sous la main, voire cinq ou six et peut-être même plus.
Je ne cache pas mon inclinaison pour la littérature américaine, la littérature japonaise, les romans noirs ou à l'inverse complètement décalés.
Plus largement j'ai une affection toute particulière pour les histoires rugueuses mais à la plume déliée.

Conseillé par (Librairie L'Armitière)
13 avril 2021

Nous sommes en France, dans un futur proche. Le changement climatique a mis en souffrance le pays et les villes ne sont plus des lieux sûrs, c'est pourquoi Etienne se réfugie avec sa fille dans sa région d'origine, loin de tout. Pourtant, le danger guette : des disparitions sont rapportées chaque année dans les montagnes, les habitants sont à cran, d'autant qu'une mystérieuse institution - la Fonderie - semble avoir la main mise sur la commune.

Attaché à ses thèmes de prédilection (la nature et sa force, les hommes et leurs faiblesses) et dans une lignée cette fois plus apocalyptique, Johan Guillaud-Bachet nous offre un roman peut-être légèrement en-deçà de sa précédente oeuvre "La soif des bêtes", mais qui parvient une fois encore à nous immerger dans la rudesse d'un territoire, ou les non-dits sont nombreux, les secrets aussi, et où règnent bien des mystères,...

Un roman qui se lit d'une traite et nous plonge dans un monde qui pourrait être le nôtre demain...

22,00
Conseillé par (Librairie L'Armitière)
13 avril 2021

Lorsque les disparitions d'enfants se multiplient dans son basti, Jai, 9 ans, décide de mener l'enquête avec ses amis Pari et Faiz. Entre les allées du Bhoot Bazar, les pistes sont nombreuses, et si Faiz pense qu'un Djinn est à l'oeuvre, Jai, lui compte plutôt mettre la main sur un malfaiteur en chair et en os.

En prenant le parti de se placer à hauteur d'enfant, Deepa Anappara nous offre une enquête en culottes courtes parfois drôle et souvent attendrissante qui cache pourtant une réalité bien cruelle qu'est celle de la disparition quotidienne d'enfants en Inde.

Et c'est précisément ce que j'aime dans la littérature en général et plus particulièrement dans ce roman : cette capacité à soulever des problèmes de fond - ici la pauvreté, la pollution, la condition des femmes, les conflits entre musulmans et hindous, et les rapts d'enfants - sous couvert de la fiction.

Avec maestria, Deeepa Anappara nous offre un éblouissant portrait de l'Inde d'aujourd'hui, tout en contrastes.

Twitter va-t-il tuer la #démocratie ?

Les Arènes

19,00
Conseillé par (Librairie L'Armitière)
22 mars 2021

Comment 140 caractères peuvent changer le monde voire mettre en péril la démocratie ?Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois et certains l'ont bien compris.

A l'origine, il y a la volonté de révolutionner les échanges interpersonnels via une plateforme numérique permettant des échanges courts, mais percutants.  Et aujourd'hui, qu'en est-il ?

De la naissance de Twitter à ses dérives, Samuel Laurent, ancien chef du service des Décodeurs du site Le Monde, victime lui-même de harcèlement sur ce réseau social du fait de sa profession et de ses missions de décryptage des intox, brosse le portrait d'une impitoyable machine à penser (unilatéralement). 

Depuis la ligue du LOL, au phénomène #metoo et #BlackLivesMatters, à la récupération politique par les extrêmes, aux tweets de Trump, Samuel Laurent décrypte les us et les coutumes de la plateforme Twitter et en brosse le portrait des évolutions depuis la dernière décennie : de quelle façon certains Tweets ont permis de faire émerger des problèmes sociétaux et de libérer la parole et de quelle façon, à l'inverse, d'autres verrouillent la pensée et enracinent les tensions sociétales, raciales, inter voire intra-générationnelles. 

Quand la réaction prime sur la réflexion, que le buzz (surtout mauvais) compte plus que la véracité des faits et que les algorithmes dictent nos comportements, comment ne pas tomber dans les travers de la pensée immédiate ? Ce monstre que décrit Samuel Laurent, est nourri de nos écrits. Plus nous écrivons, plus il grossit, plus il grossit, plus il est difficile à contenir.

A travers cet essai, Samuel Laurent revient sur tout un pan de sa carrière, en prenant du recul sur les propres écueils de son expérience en tant qu'utilisateur et nous offre une vision éclairante des possibilités et des limites des applications dites sociales (Facebook, Twitter, Instagram et consœurs).

Aussi fascinant qu'effrayant cet essai est à lire de toute urgence pour prendre du recul sur nos usages et nos propres comportements sur les réseaux sociaux, mais aussi pour garder l'esprit clair sur les pièges que renferment ces dernières sur notre façon de penser et sur la société en général. 

Et si vous pensiez pouvoir vous affranchir de cette lecture, trois simples questions : avez-vous déjà débattu, sur un réseau social, avec une personne que vous ne connaissiez absolument pas, sur un sujet le plus généralement brûlant, de façon complètement stérile, chacun campant sur ses positions en étant convaincu qu'il avait raison (vous, plus que l'autre) ? Avez-vous déjà relayé une information sur le coup de l'émotion, peut-être parfois sans avoir lu/vu jusqu'au bout le contenu de cette dernière et sans en vérifier la source ? Enfin, avez-vous l'impression que de plus en plus les autres pensent comme vous ?

Si vous avez répondu "Oui" à l'une ou l'autre de ces questions, vous ne pouvez pas passer à côté de cette lecture. Et si vous avez répondu "Oui" à l'ensemble de ces questions, vous devez lire "J'ai vu naître le monstre : Twitter va-t-il tuer la #démocratie ?".

En somme, et en moins de 140 caractères : "lisez cet essai".

19,00
Conseillé par (Librairie L'Armitière)
9 mars 2021

Junpei est un chien fou : ivre de colère, fier comme un coq, ayant des choses à (se) prouver, il a réalisé son rêve en intégrant un clan de Yakuza il y a près d'un an. Sous l'égide de son mentor, il multiplie les tâches ingrates en espérant gravir les échelons et devenir quelqu'un. C'est alors que le Chef de son client lui confie une mission: éliminer le Chef d'un clan rival. 
Pour Junpei, cette mission est inespérée et il compte bien se montrer à la hauteur de la tâche. S'il échoue, il meurt; s'il se retire c'est le déshonneur; s'il réussit, il devra se rendre à la police et passer les dix prochaines années derrière les barreaux. 

Face à son destin, Junpei a dès lors carte blanche pendant 72h. Muni d'une belle enveloppe financière, la ville va lui appartenir et il compte bien profiter de ces derniers jours en tant qu'homme libre. De rencontres en rencontres, toute une galerie de personnages va s'inquiéter de son sort. Lui qui se pensait seul, un paria, se découvre soudainement très entouré. Ces rencontres feront-elles basculer sa détermination ? 

"Trois jours dans la vie d'un Yakuza" est un roman à la plume très vivante et qui dépeint la fascination que suscitent toujours les Yakuzas dans le Japon contemporain sur une certaine frange de la jeunesse et leur main mise sur le quotidien encore aujourd'hui. 

Hideo Okuda nous plonge sans fard au sein du quartier Kabukichô à Tokyo et nous faire suivre les pérégrinations de Junpei. 

On pourrait croire ce roman sombre et pourtant, malgré son sujet, c'est une éclatante vision de la jeunesse tokyoïte qui s'offre au lecteur,lequel sera jusqu'au bout tenu en haleine en cherchant à connaître le choix de Junpei.

Conseillé par (Librairie L'Armitière)
8 février 2021

Parce qu'il doit tourner un film sur le sexe et non pas - je cite - "un film à la con sur les nazis", Jonas Rosen, jeune étudiant berlinois en cinéma se retrouve fraîchement débarqué à New-York. De rencontres en rencontres, il devra se rendre à l'évidence : les choses pourraient ne pas se passer comme prévu (et comme Jonas n'avait rien de particulièrement prévu, finalement, cela fait sens).

Sous forme de carnets posthumes publiés par la fille du narrateur, "Baiser ou faire des films" est un roman féroce(ment) drôle, et pourtant son sujet pourrait ne pas l'être: on y parle maladie, on y parle Shoah, on y parle choix de vie,... De personnages improbables en situations ubuesques, ces tribulations new-yorkaises dans les années 90 sont un hommage à la génération Beatnik autant qu'une plongée truculente dans les déboires de Jonas Rosen.

Au fait, saviez-vous qu'à New-York vivent des sirènes ? Jonas, lui, oui. Même qu'elles portent un nom : Nele, et qu'elles peuvent changer le cours d'une vie.

Ce livre n'est pas ce qu'on attend de lui, et c'est précisément ce qui en fait toute la saveur. A lire sans modération aucune.