Prescripteurs de saines addictions

Lara C.

Lectrice compulsive avec toujours trois ou quatre livres sous la main, voire cinq ou six et peut-être même plus.
Je ne cache pas mon inclinaison pour la littérature américaine, la littérature japonaise, les romans noirs ou à l'inverse complètement décalés.
Plus largement j'ai une affection toute particulière pour les histoires rugueuses mais à la plume déliée.

Conseillé par (Librairie L'Armitière)
11 août 2021

Philippe Jaenada, c'est simple : on aime ou on n'aime pas.
Et moi, c'est simple : j'aime Philippe Jaenada. J'aime ses longues digressions comme autant de haltes dans ses récits, peut-être même des respirations bienvenues face à l'horreur de ce que l'on lit. J'aime l'angle par lequel il aborde les faits divers qui l'ont interpellé. J'aime cette façon de saisir la société derrière une affaire. Et puis il nous parle de lui, aussi.

Jaenada, son truc à lui, c'est le fait divers. Mais pas n'importe quel fait divers : celui où l'on sent bien qu'il y a anguille sous roche, qu'il n'est pas aussi cartésien qu'On (les médias de l'époque, les témoins à charge, la Justice parfois, même) veut bien nous le faire croire.
Alors, tel un limier, Jaenada creuse. Il déterre, explore, s'immerge, remue la boue pour voir si l'eau ne deviendrait pas plus limpide par la suite (c'est rarement le cas).

Et avec lui, le lecteur entraîné, verra ses convictions voler en éclat, ses positions remises en question. Alors le coupable est-il coupable ? Et si oui, de quoi ?

Bien que je lui ai préféré "La Serpe", il n'en reste pas moins que "Au printemps des monstres" est encore une fois un très grand Jaenada pour qui aime explorer non pas un fait divers mais ce que celui-ci révèle de son époque et de notre humanité.

Roman

Les Éditions Noir sur Blanc

16,00
Conseillé par (Librairie L'Armitière)
11 août 2021

C'est entre les quatre murs d'une chambre au sein d'un hôpital psychiatrique que Robert, thérapeute, soliloque. Il n'y est pas en tant que praticien, mais à titre de patient. Pourquoi ? C'est ce que le lecteur aura tôt fait de savoir au fur et à mesure que Robert, à demi mot se confie.

Tantôt railleur, tantôt poète, tantôt colérique et manipulateur; oscillant entre paranoïa et mégalomanie, Robert est un personnage aussi fascinant que détestable qui porte seul ce roman, dans un flot de paroles continu mais jamais ennuyeux.

Court mais percutant, "Encore une journée divine" est l'un de mes premiers coups de cœur de cette nouvelle rentrée littéraire.

21,00
Conseillé par (Librairie L'Armitière)
2 juin 2021

Suivez ce chat calico...

Sur les pas d'un chat calico le lecteur est invité à saisir des bribes de vie dans un Tokyo cosmopolite.

Tokyo, la nuit, c'est un peu fantasmagorique, parfois inquiétant, touchant aussi. Au gré des déambulations de ce chat, nous allons à la rencontre d'un tatoueur de Yakuzas, d'un rakugoka déchu, un couple mixte en proie à ses dysfonctionnements, un jeune garçon qui croise la route d'un Hikkikomori, un détective à la recherche d'un homme disparu et tant d'autres personnages qui sèment au fil des chapitres les bribes d'un petit fil rouge qui les relient tous à des degrés divers.

Tokyo, la nuit, c'est ce personnage insaisissable qu'est cette ville qui semble engloutir certains de ses habitants tandis qu'elle exerce une fascination folle sur les autres.

Tokyo, la nuit, c'est une invitation à dévorer un roman atypique dont les chapitres se suivent mais ne se ressemblent pas.

Dévoré en quelques heures à peine, on peut donc conclure que c'est un coup de cœur !

& 99 onomatopées japonaises illustrées

Mmmm

24,90
Conseillé par (Librairie L'Armitière)
1 juin 2021

Saviez-vous que la langue japonaise compte près de 4 000 onomatopées ?

Si vous n'étiez pas déjà convaincus de la beauté et de la richesse de cette langue, ce livre atypique qui mêle graphisme et culture japonaise autour de 100 illustrations d'artistes du monde entier vous émerveillera.

Un petit bijou qui sort des sentiers battus et dont le nom même - Shuwa-Shuwa - porte en lui ce côté pétillant et rafraîchissant qui le caractérise.

Shuwa-Shuwa est un livre inclassable qui ne manquera pas de surprendre !

Je le recommande particulièrement aux apprenants en japonais, aux étudiants en graphisme/beaux-arts, à toutes celles et ceux qui ont une affinité particulière avec le Pays du Soleil Levant, ainsi qu'aux lecteurs de mangas.

Le Cherche Midi

22,00
Conseillé par (Librairie L'Armitière)
14 avril 2021

Emira Tucker a 25 ans et un soir tandis qu'elle accompagne dans un supermarché la petite fille du couple pour lequel elle travaille en tant que nounou, elle est prise à partie par un vigile zélé, en raison de sa couleur de peau. On la soupçonne d'avoir enlevé cette enfant et tandis que la tension monte, toute la scène est filmée.

Lorsque la parole d'Emira est accaparée par deux Blancs, l'un par opportunisme, l'autre par fétichisme, se met en branle une mécanique implacable à partir de laquelle elle apparaît dépossédée d'elle-même. Parce qu'Emira ne veut pas être une victime ni qu'on la place dans ce rôle de composition déculpabilisant pour chacun de ses auto-proclamés "sauveurs".
Tout ce que souhaite Emira, du haut de ses 25 ans, c'est se trouver et réussir dans la vie, par la force de son travail et pour qui elle est.

Si parfois la narration peut se révéler confuse, c'est peut-être parce que les personnages eux aussi le sont.
Chapitre après chapitre, tandis qu'Alix, l'instagrameuse et fière mompreneuse, part à la dérive, que Kelley se radicalise dans sa cause et qu'Emira se cherche, ce premier roman grinçant pointe du doigt les contradictions de la société américaine autour de la notion de racisme.

Lorsque l'on achève ce roman, le cynisme de son titre n'en est que plus percutant dans une société où tout est image et où le moindre faux pas, ou erreur d'interprétation peut avoir des répercussions insoupçonnées.

Une auteure de la nouvelle génération qui pourrait bien jouer dans la cour des grands plus tôt qu'on ne le croit : à suivre de près !