Prescripteurs de saines addictions

Olivier C.

Conseillé par (Fontaine Sèvres)
20 octobre 2015

Le grand Victor vient de mourir

Aujourd'hui ces événements sont bien oubliés, mais longtemps les parisiens ont gardé le souvenir de cette semaine de folie et de grandeur, de ces funérailles sans pareilles.
22 Mai 1885 : le poète national, le père de la République, le héros des Misérables, se meurt , chez lui, en son avenue, à Paris.
Le roman historique de Judith Perrignon exalte ces journées enfiévrées, minutant le récit d'une agonie attendue et si redoutée.
Avec elle, on partage le deuil de Georges et Jeanne - derniers survivants de son sang - pleurant la mort de leur grand-père illustre. On suit la torpeur de l'entourage du grand homme comme l'agitation de ses amis, de ses ennemis, des artistes, des socialistes, des patriotes...
On voit un gouvernement cherchant à surpasser les gloires impériales pour faire de ces funérailles l'acmé de la solennité républicaine. On s'interroge avec les autorités tétanisées devant un éventuel sursaut du Paris révolutionnaire. A cause de cela, le jour et l' itinéraire de la cérémonie sont choisis pour éloigner les classes dangereuses.
Peine perdue. Le Peuple est dans la rue; vaste marée humaine forte, fière et digne.
Chacun se sentait concerné.
Victor Hugo, hélas, est mort.

Conseillé par (Fontaine Sèvres)
20 octobre 2015

L' intérêt de l'enfant...

Justice nulle part ? Non , puisqu'on la trouve au coeur même du dernier roman de Ian Mc Ewan. De fait , l'héroïne de ce livre est une magistrate affectée aux affaires familiales dont le métier est un véritable sacerdoce, le moteur quasi exclusif de sa vie sociale.
Parangon d'intégrité , de maîtrise de soi , la juge Fiona Maye est néanmoins souvent attachée à de routinières affaires de divorce, pour certaines urticantes de mesquinerie et de petitesse.
Mais parfois le tragique s'invite dans son art. Un adolescent atteint de leucémie voit sa vie mise en danger par ses parents - témoins de Jéhovah - qui refusent toute transfusion sanguine.Les médecins , les autorités administratives s'abandonnent au jugement de la magistrate.
Là , on retrouve le grand talent de Ian McEwan. Avec simplicité, limpidité , il éclaire les écheveaux procéduriers , les amphigouris du droit anglais, les subtilités casuistiques de la conscience et de la morale. Ce roman décrit aussi, dans une atmosphère pluvieuse et froide, une vie traversée de sentiments refoulés, de sens du devoir, d'orgueil de soi, de pragmatisme revendiqué. Ajoutez à cela de la dissimulation et de la mélancolie. Passionnément anglais donc.

Conseillé par (Fontaine Sèvres)
2 septembre 2015

C'est un curieux livre que " les Gens dans l'enveloppe " d'Isabelle Monnin ; curieux pour ne pas dire tout de suite formidable.
A partir d'un lot de photos acheté sur Internet, l'auteur imagine , recrée la vie des personnages photographiés. Le roman terminé elle s'engage dans une enquête sur la vraie vie de ces gens. Le compositeur Alex Beaupain , touché par l'aventure accompagne ces deux chapitres de chansons originales.
De ces photos transparaît une vie provinciale, familière, parfois banale, un peu triste mais jamais douloureuse où les envies d'ailleurs s'estompent sous la lumière douce que nimbe les bonheurs simples.
Isabelle Monnin a la chance - ou est-ce l'intuition de l' écrivain - d'avoir perçu dans ses personnages des " gens biens ". Eux-mêmes sont convaincus d'emblée de la valeur littéraire de ce projet. La confiance , l'empathie de l'auteur transmet avec retenue une émotion tangible et " si tu pleures un peu, tu as raison".
Par-delà l'exercice "Les gens dans l'enveloppe " nous enseigne que toute vie racontée , toute vie chantée , mérite d'être vécue.

Monnin-I

JC Lattès

22,50
Conseillé par (Fontaine Sèvres)
24 août 2015

C'est un curieux livre que " les Gens dans l'enveloppe " d'Isabelle Monnin ; curieux pour ne pas dire tout de suite formidable.
A partir d'un lot de photos acheté sur Internet, l'auteur imagine , recrée la vie des personnages photographiés. Le roman terminé elle s'engage dans une enquête sur la vraie vie de ces gens. Le compositeur Alex Beaupain , touché par l'aventure accompagne ces deux chapitres de chansons originales.
De ces photos transparaît une vie provinciale, familière, parfois banale, un peu triste mais jamais douloureuse où les envies d'ailleurs s'estompent sous la lumière douce que nimbe les bonheurs simples.
Isabelle Monnin a la chance - ou est-ce l'intuition de l' écrivain - d'avoir perçu dans ses personnages des " gens biens ". Eux-mêmes sont convaincus d'emblée de la valeur littéraire de ce projet. La confiance , l'empathie de l'auteur transmet avec retenue une émotion tangible et " si tu pleures un peu, tu as raison".
Par-delà l'exercice "Les gens dans l'enveloppe " nous enseigne que toute vie racontée , toute vie chantée , mérite d'être vécue.

Conseillé par (Fontaine Sèvres)
28 avril 2015

Vivre cent jours en un

Une femme: Billie Holiday; une musique: le jazz; une ville: Paris; une date: novembre 1958: une rencontre.
Pourtant mal engagée; après une escale ratée à Milan, Billie Holiday se produit à l'Olympia sans réel succès. A 43 ans Lady Day traine une réputation d'artiste maudite, femme dévastés aux excès en série où les verres de gin et de whisky sont les détecteurs de sa débâcle.Chanter est sa seule respiration , mais là encore la voix se dérobe.
De son côté , Paris, naguère annexe de Harlem, qui avait su accueillir comme nulle autre ville les jazzmen noirs américains, tend désormais à la facilité, la frilosité , la nostalgie orgueilleuse.
Le repli sur un club intimiste "le Mars club" , les amitiés anciennes et de nouvelles relations, la crème des amateurs de jazz sauront relever miss Billie Holiday dans sa gloire. Par cette série de concerts, la femme et la ville palpiteront alors d'un même coeur.
Philippe Broussard nous dévoile cette rencontre oubliée; à la recherche des témoins , de souvenirs presque lointains , d'évocations de douces et incertaines mémoires. Son empathie non feinte pour Lady Day alors nous séduit.
Comment ne pas l'être...