En s’occupant de l’exploitation de ses ancêtres située au cœur de la forêt tropicale, Gabriel, dandy décadent et caractériel, espère redonner à sa famille sa gloire d’antan. Tout en faisant miroiter un Eldorado qui n’en est pas vraiment un, il convainc ses deux aînés de le suivre. Derrière des apparences de récit d’aventures exotique, c’est surtout ici un drame psychologique familial qui se joue, entre le rêve démesuré d’un père égoïste et la réalité décevante qu’il impose continuellement à ses enfants. C’est dans un coup de crayon à la fois désinvolte et incisif que ce naufrage absolu d’une vie, au crépuscule de l’impérialisme colonial, nous est livré sans artifices.

À travers cette immersion dans un quartier haut en couleurs d’un Paris fantasmé, Brecht Evens nous plonge dans un voyage au bout de la nuit, où se croise une faune hétéroclite. Même si l’on suit le parcours de quelques personnages récurrents, c’est bel et bien cette folle nuit qui constitue le personnage dont on brosse, dans une aquarelle dense et puissante, un portrait acide et halluciné. Les discussions de terrasses s’entremêlent en un brouhaha enivrant, le décor chatoyant et foisonnant se fait hypnotique, les gens se frôlent sans jamais vraiment se toucher, perdus dans la frénésie ambiante… Un pur chef-d’œuvre !

Drame sur fond de luttes sociales, "Eldorado" met en scène Marcello, amoureux transi, qui se retrouve embarqué malgré lui sur un bateau en route pour l'Amérique Centrale. Arrivé sur place, il se voit contraint et forcé de travailler à la construction d'un canal. Chaque planche nous plonge un peu plus dans une jungle inextricable et dans les tourments du jeune homme. En livrant l'histoire d'un impossible retour et de l'aliénation au travail, Damien Cuvilier et Hélène Ferrarini offrent ici un récit d'une rare intensité qui n'est pas sans rappeler l'ambiance du "Salaire de la peur". Bouleversant !

Adapté d’un roman, "Bigfoot" est l’histoire de deux tueurs à gage du Middle West. Cette bande dessinée, dans une ambiance western et d’un graphisme maitrisé, est truffée d’absurde et d’humour.

Avec "Les petits ruisseaux", Rabaté nous dépeint une nouvelle fois le milieu rural et les gens du cru avec la sensibilité qui le caractérise. Pêche, cure de jouvence, rapports amoureux et une pincée d'humour sont les principaux ingrédients constituant ce mets délectable. Sans nul doute l'une des meilleures BD de l'année.
A consommer sans modération.