L'ane d'or
L’Ane d’or d’Apulée. Extraordinaire chef d’oeuvre de la littérature antique, du IIe siecle apres JC, les lecteurs de Lucien de Samosate se régaleront. Écrit par un romain, berbere, tres probablement inspiré d’un texte grec. Lucius, aristocrate volage, est transformé en âne par sa maitresse, et pour retrouver forme humaine doit se mettre en quete de roses, et les manger. Mille péripéties grotesques et scandaleuses s’ensuivent, sous fonds d’absurde tordant, de satire de la société romaine, de parodies, de philosophie cynique. Un bonheur de lecture, un récit d’aventures à l’imaginaire foisonnant, inspiré par le génie et la profondeur des philosophes grecs.
La liberté de la pensée
La liberté de la pensée. Benjamin Constant.
Deux courts textes autour de la liberté de la presse et de la liberté individuelle, un texte sur la liberté religieuse. Pres de 200 ans apres la révolution française, relectures étonnantes d’actualité. La révolution et ses exces sont battus en breche, qu’il s’agisse de la liberté individuelle : maltraitée par l’Etat et le corps social, le collectif au dessus de tout, de la liberté de culte : éloge de la religion, pluralité des sectes et des cultes, contre l’intolérance religieuse comme irreligieuse, la liberté de la presse : non pas liberté d’insulte, d’appels au crime ou à la guerre civile en ces temps de libellistes, et toujours, la dénonciation de l’arbitraire.
Un sens de la mesure et une sagesse qui résonne encore de nos jours.
A mettre en parralelle avec « la liberté des anciens comparée à celle des modernes », qui traite de la conception de la liberté selon les anciens (antiques) : de type purement politique avec soumission au collectif, ancienne conception de la liberté proche des theses rousseauistes qui prima lors de la révolution, au détriment de la liberté individuelle recherchée par les modernes.
Le complot contre l'Amérique
Le complot contre l’Amérique. Philip Roth.
1940, Franklin Roosevelt se présente pour un troisieme mandat, partisan non dissimulé d’une entrée en guerre rejetée par nombre d’américains. Pour lui faire face, le parti républicain opte pour l’aviateur Charles Lindbergh, ardent défenseur de l’isolationnisme, célebre et populaire bien que connu pour etre un sympathisant nazi. C’est dans ce contexte que le petit Philip arrive sur ses dix ans au sein d’une famille juive originaire de Russie, à Newark, famille qui va se déchirer face à l’arrivée de Lindbergh au pouvoir et la montée de l’antisémitisme. Le cousin Alvin, parti combattre les nazis avec les canadiens revient mutilé et désespéré, le grand frere Sandy s’engage dans un programme d’assimilation dans le sud, la tante Evelyn épouse le rabbin Bengelsdorf, soutien de Lindbergh, et va jusqu’à danser avec Ribbentropp à la maison blanche, provoquant l’ire du pere partisan de Roosevelt...
Une terrifiante uchronie qui rappelle que tout peut basculer à peu de choses pres, à relire apres Trump et avant nos élections. Uchronie d’un réalisme exceptionnel, fruit d’une immense compréhension de l’Amérique et de son histoire, jeu de mémoire, d’imaginaire et d’autobiographie, une oeuvre d’une intelligence hors norme, modele, incisive, exigeante, capable de se dédoubler à la perfection, littérature à son sommet, immense savoir, clairvoyance, extraordinaire condensation, lucidité sans scories qui va directement au plus profond comme au plus terre à terre.
Lafayette
Lafayette. Laurent Zecchini. Biographie d’un homme à l’incroyable destin qui traversa un siecle tumultueux à la lumiere de la liberté.
Fils d’une grande famille aristocrate il part à 19 ans avec quelques officiers et contre l’avis de la cour s’engager dans l’armée américaine, dépensant son héritage, pour se mettre sous le patronnage de Washington, tant par esprit de revanche sur les anglais que par conviction politique.
Il devient des son premier engagement héros de guerre, brille lors de nombreuses batailles et obtient d’importants commandements. Il milite ardemment pour une intervention française, devenant, celle-ci enfin décidée, le relais entre Washington et la France, jusqu’à la victoire décisive de Yorktown alors qu’il est commandeur militaire de la Virginie. Il sera adulé aux Etats-Unis où il deviendra une figure quasi mythologique, il y fera deux autres voyages inoubliables.
Sa correspondance et ses lettres témoignent d’une maturité extraordinaire pour son age, de nombreuses paroles prophétiques sur ce que deviendra l’Amérique et les germes d’une vision et d’une action des plus intelligente, pragmatique, réaliste, qui se forgera face aux tumultes de la révolution française. Pour Versailles rebelle recherché puis héros adulé, avant d’etre une figure de la révolution détestée. Pour les républicains un allié, puis un ennemi. Tour à tour pour la monarchie constitutionnelle, puis pour la république, il fera toujours preuve d’une grande conscience sociale, abolitionniste dans les mots et dans les actes, défenseur de la tolérance religieuse... Il évite très probablement de nombreux massacres lors de la révolution, part à l’aube de la terreur, passe 7 ans dans les prisons autrichiennes et est l’un des rares protagoniste de 1789 à ne pas etre guillotiné, revenu en France il s’oppose à Napoléon, et au crépuscule de sa vie intervient sagement dans la révolution de 1830.
Aucun dogme, aucune idéologie, seule la liberté et la limitation de la violence en vue. Homme d’action avec des lectures au fil de sa vie témoignant d’un esprit tres vif et réfléchi. Tres intelligent, empathique, gentil, généreux, bienveillant, emporté par ses sentiments, éternel « jeune » accordant facilement sa confiance et naïf un peu à l’image d’un celeste « idiot », tout en étant soucieux de son image, il en sera influencable et au fil de sa vie, depuis la guerre d’indépendance jusqu’à Juillet, sera l’objet de dénigrements et vulnérable aux esprits manipulateurs ou jaloux qui se serviront de ses accomplissements, ses talents, son influence ou son prestige.
Un incroyable destin, une figure légendaire qui survola son temps et à laquelle il est bon de s’intéresser. Dénigré et méconnu en France, pourtant passerelle entre l’Amérique et notre pays, à l’initiative de la déclaration des droits de l’Homme de 1789, une modele de precocité, d’attitude, d’engagement, de courage, de sagesse, d’intelligence et de vision dans les moments les plus tumultueux.
Education européenne
Engagé dans l’aviation lors de la seconde guerre mondiale, Romain Gary bombardait l’Allemagne la nuit, et le jour dans ses rares temps libres prenait sur son sommeil pour travailler sur Education Européenne, l’un de ses tout premier roman dont il parle dans la Promesse de l’Aube.
Publié en 1944 en Angleterre, remanié en 1956, Education européenne nous plonge dans les forets polonaises lors de l’occupation nazie, quand des femmes et des hommes mais aussi des adolescents au courage exceptionnel se battaient contre l’occupant et ses alliés.
Janek, jeune homme enrolé par les partisans s’éprend de Zosia, jeune femme chargée de récolter des renseignements en vendant son corps aux nazis... Une déchirante histoire d’amour dans une Pologne soumise aux pires horreurs, alors que la mort est partout.
Un roman inspiré des échos qu’eut Gary d’Angleterre sur la résistance polonaise. Une oeuvre déchirante jallie du plus profond cri de désespoir et de la plus puissante impulsion de vie d’un futur tres grand écrivain.