Prescripteurs de saines addictions

White Palace, roman

Glenn Savan

Actes Sud

  • Conseillé par
    12 janvier 2024

    amour

    J’ai aimé ce couple improbable : lui jeune veuf de 25 ans, publicitaire et juif ; elle serveuse au White Palace de 50 ans divorcée et bien en chair.

    J’ai aimé les continuels doutes de Nora sur la durée de leur relation et sa fragilité.

    J’ai aimé que Max considère Nora comme une petite fille, lui qui s’accroche à elle comme un gamin.

    J’ai aimé les bruits : Nora habite dans le quartier de Dogtown et l’on entend sans cesse les chiens aboyer et hurler au loin.

    J’ai souri des odeurs : celle du White Palace et celles, corporelles, de Stephanie de Federal Fidelity, cliente de l’agence de publicité de Max.

    J’ai aimé le tic de Nora qui joue avec sa boucle d’oreille en corail noir que Max lui a offerte quand elle est stressée.

    J’ai aimé que Max ne veuille pas présenter Nora à ses amis ni à sa mère et que ceux-ci accueillent sa compagne à bras ouverts.

    J’ai eu peur que le roman s’enlise dans une romance à l’eau de rose, mais l’auteur a su faire rebondir son récit pour que jamais il ne soit ennuyeux ni caricatural.

    J’ai toutefois été lassée de lire que Nora ne buvait que des vodka-tonic.

    Malgré ce qu’en dit la quatrième de couverture, il n’y a pas tant de sexe torride dans ce roman, et le récit ne tourne pas uniquement autour de l’attraction animale de Max pour Nora, et inversement.

    L’image que je retiendrai :

    Celle des verres famille Pierrafeu de Nora dans lesquels ils boivent aussi bien de l’eau que du champagne.


  • Conseillé par
    20 août 2010

    A l’image de ces mots ronflants destinés à cacher la misère et le commun, le White Palace est un fast-food qui sent la mauvaise graisse et l’oignon. C’est là que Nora travaille et là qu’elle va rencontrer Max pour la première fois. Tout sépare ces deux-là : le physique, l’éducation, l’âge, le lieu de résidence, la profession.

    Nora a dépassé les quarante ans. Elle n’a pas fait d’études, elle se montre volontiers vulgaire, elle aime la vodka et les cigarettes et vit dans une véritable porcherie. Max, lui, n’a pas encore atteint la trentaine. Jeune, ambitieux, il gagne bien sa vie mais peine à se remettre de la mort accidentelle de sa jeune et jolie épouse. Maniaque jusqu’à l’obsession et cuirassé dans son chagrin, il se laisse malgré tout approcher par la serveuse du White Palace et propose même de la ramener chez elle, après lui avoir fait promettre de se tenir tranquille. Mais il faut plus qu’une promesse à Nora pour l’obliger à être sage et sa sensualité débridée ne fera qu’une bouchée des deux ans d’abstinence de Max…

    Commence alors entre ces deux-là une histoire d’amour à la je t’aime moi non plus, chacun étant surpris par cette attirance hors norme, chacun se rendant compte que tout est voué à l’échec. Max éprouve de terribles angoisses à l’idée de présenter cette « fiancée » hors-norme à ses amis et à sa famille. C’est d’ailleurs, entre eux, un sujet de discorde permanent qu’ils essaient d’oublier ou de contourner à grand renfort de sexe débridé et d’alcool… Quant à Nora, elle vit mal son infériorité sociale et se montre très mystérieuse à propos de son passé.

    Glenn Savan a écrit là une histoire d’amour pas comme les autres qui touche le lecteur. Ces problèmes de « castes » sociales, invisibles mais pourtant opérantes, se ressemblent d’une côté de l’Atlantique ou de l’autre, même si ce phénomène est moins visible en France. Se pencher sur les effets de cette forme de « transgression sociale » que l’amour engendre parfois est une très bonne idées. L’auteur montre, avec une grande finesse, toutes les limites, intégrées, invisibles, non-dites de notre prétendue « liberté ». Glenn Savan a écrit un roman riche et drôle, très bien écrit et dont les personnages trouvent forcément des échos en nous. Attachant et parfois très agaçants, ils sont comme nous, hésitants, incapables de renoncer à quoi que ce soit avant d’être mis devant le fait accompli…


  • Conseillé par
    17 août 2010

    une improbable rencontre

    Bel exemple de titre qui "trompe" son lecteur... Le "White palace" est un fast-food d'un quartier pauvre de Saint-Louis et pas la résidence de luxe que j'imaginais. La couverture, en revanche, que je trouve magnifique, annonce bien la couleur. L'héroïne de cette histoire, Nora, a cette sensualité que d'aucun qualifierait d'un peu vulgaire, cet abandon naturel au plaisir que notre éducation nous apprend souvent à dissimuler.

    J'ignorais l'existence même de l'auteur, Glen Savan, avant de découvrir ce roman chez une sympathique blogueuse, Cathulu. C'est une vraie découverte, il écrit avec énormément d'empathie pour ces personnages et le lecteur est embarqué dans l'incroyable, l'improbable, l'inexplicable histoire d'amour entre Max, un jeune veuf de vingt-sept ans, rédacteur publicitaire de talent et Nora, serveuse au White Palace, presque quarante-deux ans et un sérieux penchant pour l'alcool. Tout les oppose : leur milieu social, leur culture, leurs centres d'intérêt jusqu'à leur physique. Max est un "Ken" miniature, Nora une femme assez forte doté d'un énorme postérieur.

    Et pourtant, ces deux êtres se rencontrent par hasard et se retrouvent vite aimantés l'un par l'autre. Le désir les réunit, plus fort que tous les préjugés et leurs corps se cherchent, se trouvent, s'unissent dans le waterbed de la petite maison crasseuse de Nora. Pour l'instant pas de problème, cette dévorante passion, ils la vivent au présent mais quand au désir va se substituer peu à peu un autre sentiment qu'ils hésitent à nommer , les ennuis vont commencer.


    Leur histoire , si elle devient sérieuse, doit sortir de l'ombre. Il faudra donc que Max présente Nora à ses amis, tous de confessions juive, tous riches, tous prêts à lui dénicher une nouvelle compagne de son âge, juive et riche. L'auteur dépeint admirablement les errements de ce couple, qui se chicane au quotidien tant leurs univers sont aux antipodes, qui a du mal à croire à son avenir, qui ne semble pas devoir exister dans notre société tellement "normée".

    Et si, et si... Le lecteur se prend à espérer, à vouloir une fin heureuse pour ces deux tourtereaux marginaux mais Nora rompt et part pour New- York....

    Un livre à découvrir !