Prescripteurs de saines addictions

Le chien gardien d'étoiles, Enfances

Takashi Murakami

Sarbacane

  • Conseillé par
    13 juin 2011

    Un chef-d'oeuvre !

    Voici un pur chef-d’œuvre du manga d’auteur, et croyez-moi si je vous dis que je n’emploie pas ce mot à tort et à travers, mais là c’est amplement mérité ! J’en suis encore émue et bouleversée après quelques semaines. Les épithètes qui me viennent à l’esprit pour décrire ce manga pleuvent : émouvant, lumineux, engagé, juste, sensible, cruel, etc. Impossible de se contraindre à un seul mot pour évoquer cette petite merveille, qui a fait beaucoup de bruit au pays du Soleil Levant. Un succès mérité qui, j’espère, sera aussi fulgurant chez nous, car il serait franchement dommage que cette œuvre ne se fasse pas (re)connaître. J’espère que cet chronique lui sera un tant soit peu bénéfique…

    De quoi ça parle ?
    De la relation émouvante d’un chien et de son maître ?
    Non, c’est trop réducteur.
    D’une critique de la société actuelle japonaise ?
    On s’en approche.
    De la déchéance d’un homme ?
    Dans une certaine mesure.
    Et bien en fait, c’est un peu tout cela à la fois et même plus.

    « Le chien gardien d’étoiles » commence par la découverte du corps d’un homme et de son chien dans une voiture abandonnée au milieu d’un champs. La mort de l’homme remonte à plus d’un an, celle de son chien, d’à peine quelques mois… Qu’est-ce que qui a conduit cet homme à mourir de cette façon, abandonné, loin de toute civilisation ? C’est ce que le manga se propose nous expliquer sur une petite centaine de pages.

    100 pages, ça peut sembler court, même pour le format, mais le mangaka prend le parti de nous exposer son histoire de manière dense, en allant droit à l’essentiel, sans une case ou une trame de trop. Et le lecteur se rend vite compte que c’est largement suffisant car rien n’apparaît de trop dans ce manga, chaque planche étant d’une justesse rarement atteinte.

    Les dessins de Takashi Murakami qui ont un petit air d’inachevé et d’un peu naïf ne payent pas de mine de prime abord, mais pourtant ils sont magnifiques car chargés d’une force visuelle narrative qui ne laisse personne indifférent. Le ton, d’une justesse incroyable, bouleverse et émeut sans jamais tomber dans le pathos dégoulinant. Il y a beaucoup de mélancolie pourtant dans ce manga, et je défie quiconque n’a pas un cœur de pierre, de verser une larme à un moment donné de cette histoire.

    Mais c’est surtout une jolie leçon de courage, une histoire d’amour et d’amitié, et aussi une énorme prise de conscience comme pour le personnage final d’Okutsu, qui à travers l’histoire de cet homme et de son chien se rendra compte qu’il reste toujours de l’espoir.

    Enfin, un mot sur l’objet en lui-même qui est tout simplement splendide. La couverture est cartonnée, d’une grande qualité, le format bien plus grand qu’un manga normal. Les pages sont épaisses, un peu comme du papier canson. La couverture est magnifique, les couleurs chaudes des tournesols avec en son milieu notre fameux chien gardien d’étoiles sont joliment rendues. Un plaisir pour les yeux, et pour la bibliothèque. D’ailleurs si le prix peut sembler rébarbatif de prime abord, il faut garder à l’esprit que ce manga s’apparente à une édition de luxe.

    Un manga que je conseille à tous les amoureux des beaux objets, à ceux qui cherchent des œuvres de qualité, à ceux qui aiment les mangas de genre social, et surtout à ceux qui n’aiment pas les mangas et qui les regardent avec mépris, puissent votre regard changer avec celui-ci.