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Les médiacrates, enquête sur une profession au-dessus de tout soupçon, enquête sur une profession au-dessus de tout soupçon
EAN13
9782809800210
ISBN
978-2-8098-0021-0
Éditeur
Archipel
Date de publication
Collection
Roman français
Dimensions
22,5 x 14 cm
Poids
334 g
Langue
français
Code dewey
074.09

Les médiacrates, enquête sur une profession au-dessus de tout soupçon

enquête sur une profession au-dessus de tout soupçon

De

Archipel

Roman français

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À mes professeurs disparus,
Maurice Siegel, Jean-François Revel,
André Arnaud et Bernard Morrot

Mille mercis à mes vieux amis Philippe Adler,
François de La Maisonneuve et Henri Montant
pour leurs précieux conseils,
ainsi qu'à Delphine Gaston et Agnès Berruyer
pour leur si efficace collaboration

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34, rue des Bourdonnais 75001 Paris.
Et, pour le Canada, à
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Montréal, Québec, H3N 1W3.

eISBN 978-2-8098-1084-4

Copyright © L'Archipel, 2008.

Avant-propos

Le journalisme d'information générale et politique, tel qu'il est pratiqué aujourd'hui, semble largement déconnecté des véritables centres d'intérêt des citoyens. Les quotidiens, inadaptés, se vendent peu et sont en crise permanente. Les radios manquent de pugnacité ou d'indépendance (ou des deux) et les journaux télévisés restent bien trop conformistes. Les journalistes eux-mêmes sont très mal considérés par l'opinion publique. Leur cote de crédibilité est pratiquement aussi mauvaise que celle des politiciens, elle-même au plus bas.

La médiocrité de la presse française et la médiocratie des médias ont enfanté un nouveau genre de journalistes : les médiacrates. Cette curieuse caste de parvenus tient le haut de l'affiche depuis près de trente ans, en connivence permanente avec le pouvoir, fût-il représenté par des présidents aussi différents que Mitterrand, Chirac ou Sarkozy. Au lieu de défendre avec courage et de représenter avec honneur leurs concitoyens qui sont également leurs lecteurs, auditeurs et téléspectateurs, ils n'ont comme premier souci que de se mettre en valeur.

On peut, la même semaine, les lire dans la presse écrite, les écouter à la radio et les voir à la télé. La plupart cumulent les emplois et les collaborations extérieures, écrivent également des livres, participent à des conférences et des débats, multipliant les « ménages ». Beaucoup vont jusqu'à solliciter des décorations, défendant d'autant plus les grands principes de l'indépendance de la presse que leur application personnelle des règles déontologiques est à géométrie variable.

Ces médiacrates qui sont, par nature, incapables de la moindre autocritique, ont-ils une idée des dégâts qu'ils causent à notre fragile démocratie, dont ils devraient être les plus ardents défenseurs ? Outre qu'ils offrent un exemple déplorable aux plus jeunes journalistes, ils ont contaminé la quasi-totalité des services politiques des grands médias et la majorité des rédactions.

Or, c'est justement au moment où les Français auraient le plus besoin des journalistes que ceux-ci se montrent les plus défaillants. Dans un pays qui craque de partout, perturb é par un nouveau président atypique, engoncé dans ses archaïsmes, menacé par des crises sociales à répétition, diminué par des politiques successives néfastes mises en œuvre par des politiciens dépassés et, pour beaucoup, incompétents, le journaliste joue un rôle aussi vital que celui du médecin. Sa vocation : observer et témoigner. Diagnostiquer et publier le diagnostic. Découvrir ce qu'on cache aux électeurs et le dire haut et fort. Appuyer là où ça fait mal.

Le citoyen, le consommateur et le contribuable ont besoin du journaliste pour être informés, comme le patient a besoin du médecin pour être soigné. Encore faut-il que notre journaliste ne soit pas malade lui-même. Qu'il soit indépendant, rigoureux, honnête, responsable, pugnace, recherchant avant tout la vérité, les faits, les vérifiant, ne craignant pas les pouvoirs, n'hésitant pas à poser les bonnes questions et autant de fois que nécessaire, se risquant même, au besoin, à plonger en eaux troubles et ne roulant que pour un seul maître : son lecteur ou son auditeur-t éléspectateur.

Une démocratie ne peut fonctionner harmonieusement sans un équilibre des pouvoirs (exécutif, législatif, judiciaire) et sans l'équilibre de ces pouvoirs avec le contre-pouvoir des grands médias d'information. D'autant qu'un trop grand nombre de pouvoirs sont concentrés entre les mains d'un président qu'on croirait de droit divin, d'une haute fonction publique issue de l'ENA et d'un rang serré de politiciens adeptes de l'omerta jusqu'au sommet de l'État. Le quatrième pouvoir n'existe plus. Tous les grands médias, à quelques exceptions près, sont entre les mains de vassaux de l'État, quand leurs dirigeants ne sont pas des amis « intimes » du Président.

Drogué par la télé, bousculé par le pouvoir, affaibli par les compromissions, comment le médecin-journaliste pourrait-il exercer? Il a oublié son serment d'Hippocrate. Il a été acheté par les grands « labos » du marché : Dassault, Bouygues, Arnault, Vivendi, Lagardère... Comment pourrait-il rendre un diagnostic exact, dire la vérité à son client et le soigner? Que répondre à notre citoyen français qui observe, sans comprendre, le spectacle hexagonal ne disposant pas des quelques critères de jugement que son journal devrait lui fournir? Pourquoi ne lui dit-on pas la vérité?

PREMIÈRE PARTIE

POURQUOI NE PAS DIRE LA VÉRITÉ?

1

Des lettres et des chiffres

L'information, en France comme partout dans le monde, passe par les trois canaux habituels : la presse écrite, la radio et la télévision. Omettons provisoirement Internet, dont nous examinerons ultérieurement le rôle récent. De même, laissons de côté la presse régionale, dont l'étude nécessiterait une approche spécifique, et concentrons-nous sur la presse dite, abusivement, « nationale ».

Les chiffres de diffusion des quotidiens sont très mauvais; ceux des hebdos sont meilleurs. Sur l'année 2007, en ventes moyennes arrondies, France et étranger, Le Monde affiche 350 000 exemplaires, Le Parisien 336 000, Le Figaro 338 000, Aujourd'hui 187 000 et Libération 133 000. Notons que Le Parisien et Aujourd'hui sont, au cahier local près, un seul et même journal, paraissant sous deux titres différents, le premier diffusé en Ile-de-France, le second dans tout le pays. À eux deux, ces titres représentent donc une vente de 523 000 exemplaires.

La presse nationale regroupe aussi deux quotidiens économiques, Les Échos (119 000 ventes) et La Tribune (78 000), deux quotidiens sportifs, L'Équipe (330 000) et Paris Turf (79 000), et enfin deux quotidiens atypiques: La Croix (98 000) et L'Humanité (50 000). Compte non tenu de France-Soir en raison de sa triste agonie.

Tous ces chiffres de « diffusion totale payée » proviennent d'un seul organisme, l'OJD (Office de justification de la diffusion) en position de monopole. Exerçant sans véritable contrôle, l'OJD peut donc se prêter à quelques « aménagements » afin d'améliorer sensiblement lesdites diffusions: par exemple, comptage plein tarif d'abonnements « collectifs » à prix cassés ou distributions prétendument « payantes » auprès de réseaux non officiels (avions d'Air France, chaînes hôtelières, loueurs de voitures, parkings de Vinci, salles Gaumont, etc.). Chacun peut s'y retrouver selon ses besoins et ainsi atténuer la baisse de ses ventes réelles : au Figaro, cette diffusion parallèle représente 25 % des « ventes » (85 000 exemplaires). À Libération, c'est 22 %, et au Monde 16 %1.

Encore quelques chiffres alarmants : selon l'OJD, la diffusion de ces quotidiens nationaux a diminué de 17,8 % en dix ans, et de 2 % en moyenne chaque année entre 2004 et 20062, tandis que leur chiffre d'affaires cumulé a baissé de 15,7 % depuis 1990. Plus inquiétant encore : le prix de vente moyen a progressé deux fois plus vite que l'indice général des prix entre 1970 et 2002. Ce prix de vente moyen est le plus élevé d'Europe, avec celui des Pays-Bas, le double de celui du Royaume-Uni, un bon tiers de plus que celui de l'Allemagne. Enfin, la consommation de la presse quotidienne en France (y compris la presse régionale) est de 190 exemplaires pour 1000 habitants, contre 345 en Allemagne, 406 au Royaume-Uni et 548 en Finlande. À l'exception des Échos et de L'Équipe, tous les quotidiens nationaux français perdent de l'argent. Le Monde et Libération sont des gouf...
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