Écritures carnassières

Ervé vit dans la rue depuis toujours, depuis qu'il a quitté la DDASS, et bien
qu'il se soit marié et eu des enfants. Bien qu'il soit SDF, il communique via
les réseaux sociaux, s'intéresse à la littérature. Sur les encouragements de
Guy Birenbaum, il a rassemblés ses textes inspirés de son vécu, les a mis en
forme pour cette publication. Le contenu : Ervé a été placé à l’âge de six
mois à la DDASS puis en foyer. Comme il l’écrit, ça s’est mal placé et passé.
Plus qu’un témoignage sur les enfants placés et la difficulté de se construire
en ayant manqué de l’affection d’une mère, il s’agit ici d’un véritable objet
littéraire qui par sa langue se rapproche de Fante ou Bukowski. Un texte écrit
avec les tripes et qui prend le lecteur aux tripes. On suit Ervé à travers ces
fragments de vie désordonnés, bribes d’enfance, envie de fugues et de fuites,
le quotidien de la rue. L’écriture de ce texte est guidée pour Ervé par le
désir que ses deux filles (âgées de 10 et 6 ans) puissent le connaitre
intimement, comprendre qui il est et quel fut son parcours. Il écrit pour «
ses deux poumons » ainsi qu’il les appelle. Ce texte est une magnifique
déclaration d’un père à ses filles. Écritures carnassières montre de quelle
manière on traite aujourd’hui nos marginaux mais depuis l’intérieur, par la
voix de l’un d’entre eux. Il fait parler tous ceux, écorchés par la vie, qui
vivent dans la rue, ces invisibles sur lesquels on laisse glisser notre regard
mais que la plupart du temps on ne voit pas vraiment. C’est un texte d’une
grande humanité, qui permet de rencontrer l’autre, de le saisir dans toutes
ses nuances et sa complexité, même si sa réalité est très éloignée de la
nôtre. Ervé pose dans ces lignes une question universelle : comment aimer
quand on n’a rien reçu ? Comment se construire sur du vide ? Comment
s’accrocher à la vie si ce n’est par les petites épiphanies qu’on arrive à
saisir ? Ervé décrit les morsures de la vie, celles du foyer, la violence de
certains éducateurs, des combats dans la rue, mais aussi d’Élodie son regard
sur la nature, le ciel, la beauté de ce qui l’entoure. Écritures carnassières
c’est quand la littérature se fait politique non par son sujet mais parce que
l’auteur parvient à toucher le lecteur, loin des statistiques et des faits
mais par une langue qui bouleverse. Ervé a été placé à l’âge de six mois à la
DDASS puis en foyer. Agé de 49 ans, il vit encore, par choix, dans la rue à
Paris, soutenu par l'amitié et les secours de nombreuses personnes. Père de
deux fillettes de 10 et 6 ans, il leur destine ses écrits pour faire mieux
comprendre ses choix de vie. Écritures carnassières est son premier livre.

*[XIXe]: Dix-neuvième